vendredi 19 septembre 2014

Réflexion - A. Pouchkov - les masques sont tombés

Les masques sont tombés

16.09.2014


Les masques sont tombés. Toutes les convenances aussi. Le bon sens est rejeté. L’OTAN menace de déployer ses bases dans les pays voisins avec nous. L’UE impose de nouvelles sanctions – tant économiques que personnelles, y incluant de plus en plus de nouveaux noms. L’Occident se consolide autour de la plate-forme d’une nouvelle hostilité à l’égard de la Russie, et les tentatives de certains pays et de certains politiciens de l’UE ne sont pas en mesure d’inverser cette tendance.

Et il ne s’agit pas de la défense d’idéaux sublimes, ni de droits des affligés, ni du souci de la primauté du droit. Sous la pression intense des États-Unis, tous ces principes sont rejetés. Le coup d’État du 22 février a été accueilli par l’Occident immédiatement et avec enthousiasme : ils se moquent que la constitution ukrainienne ait été violée, ils se moquent de la dissolution de la Cour constitutionnelle, ils se moquent des décisions illégales de la Rada. Tout cela n’a pas d’importance quand il s’agit de l’assimilation géopolitique d’un tel pays que l’Ukraine.

C’est pourquoi les autorités actuelles de Kiev sont autorisées à tout faire, tout ce qui dans d’autres cas fait dresser officiellement les cheveux sur la tête des politiciens occidentaux : tuer des civils, utiliser des projectiles au phosphore et des missiles balistiques contre des habitants des villes, fusiller et enlever des journalistes, et, enfin, étrangler et incinérer les gens uniquement pour le fait qu’ils cherchaient pour eux-mêmes plus de droits. C’est ce qui s’est produit à Odessa.

Tous ces crimes sont, de fait, autorisés et approuvés par l’Occident démocratique sous le bredouillement pudibond sur la nécessité des enquêtes qui n’auront jamais lieu ou bien seront délibérément poussées par Kiev dans l’impasse. Autorisés et approuvés au nom du but suprême – l’inclusion de l’Ukraine dans la zone d’influence euroatlantique.

Par ailleurs, pour tout ce qui se passe en Ukraine, on blâme exclusivement la Russie. Alors que les sanctions doivent être appliquées à Kiev pour des violations permanentes et délibérées de tous les droits de l’homme possibles et imaginables, à commencer par le droit à la vie, c’est la Russie et Poutine personnellement qu’on essaye de présenter comme de nouveaux suppôts du mal. Et plus la faute de l’Occident est grande dans les événements, plus la presse occidentale, qui a déjà oublié non seulement l’objectivité, mais aussi la pondération élémentaire des jugements, se jette furieusement sur notre pays.

C’est le contexte général. En même temps, tous les êtres pensants de la Finlande aux États-Unis le reconnaissent : ce n’est pas tellement la Russie, n’ayant pas eu longtemps de réactions sur ce qui se passait à Kiev, qui est en faute de ce que les événements en Ukraine ont tourné de cette façon, mais l’Occident lui-même. C’est justement l’UE qui a mis l’Ukraine face à un choix : soit la coopération avec la Russie, soit l’association avec l’UE. C’est justement l’UE qui a immédiatement soutenu le coup d’État à Kiev, et les États-Unis – plus encore, l’ont précisément préparé.

« Pourquoi l’Occident est responsable de la crise en Ukraine » – tel est le titre de l’article, qui a été récemment publié par le professeur de l’Université de Chicago John Mearsheimer sur les pages du magazine américain "Foreignaffairs".
« Sur base des opinions dominantes en Occident – a écrit Mearsheimer – la faute pour la crise ukrainienne incombe presque entièrement à la Russie ». « Mais ce n’est pas ainsi – poursuit-il. – En fait, les États-Unis et leurs alliés européens portent la plus grande partie de responsabilité pour la crise ».

Depuis longtemps, l’Occident a essayé d’entraîner l’Ukraine dans l’OTAN et l’arracher de la Russie. Cependant, Moscou a averti à plusieurs reprises, écrit Mearsheimer, que
« elle ne va pas tranquillement observer comment son voisin stratégiquement important se transforme en un bastion de l’Occident. Pour Poutine, le renversement illégal du président démocratiquement élu de l’Ukraine, que Poutine a appelé un coup d’État à juste titre, a été la dernière goutte. »

L’ancien ambassadeur américain en URSS Jack Matlock donne des estimations similaires. Dans une interview au journal allemand "Tageszeitung", Matlock raconte comment avec sa stratégie d’expansion de l’OTAN vers l’Europe de l’Est, l’Occident a commencé à créer les bases de la crise dans les relations avec la Russie.
« Il n’y avait aucune véritable menace pour ce pays de la part de la Russie. Alors commença l’établissement des bases militaires, y compris en Pologne – à proprement parler, contre des missiles iraniens inexistants. En conséquence, les Russes ont perçu tout cela comme une provocation ».

Et puis, selon Matlock, l’OTAN a décidé en plus d’attirer l’Ukraine, en lui promettant son adhésion à l’Alliance.
« Tout cela était des démarches pas très inintelligentes de la part de l’Occident – continue Matlock – et maintenant nous récoltons la réaction qu’elles ont suscitée ».

À son avis, les États-Unis également ne seraient pas restés les bras croisés si la Chine avait commencé à travailler sur la création d’une alliance militaire avec le Mexique et le Canada. « Nous l’aurions empêchée par tous les moyens, et c’est ce qu’aurait fait tout État » – assure Jack Matlock.

Cependant, ni Washington ni Bruxelles ne reconnaîtront jamais tout cela.
Car alors, il serait nécessaire de reconnaître que toute la politique antirusse d’Obama n’a aucune autre raison que le désir de sévir contre Moscou insoumise, qui ose défier les États-Unis et mener une politique étrangère indépendante.
Car alors, il serait nécessaire de reconnaître que la politique des sanctions contre la Russie n’a aucun de fondement.
Car alors, il serait nécessaire de reconnaître que la source de l’agression ne se trouve point au Kremlin, mais à Washington et dans les capitales européennes qui le soutiennent.

Et – plus important encore – il faudrait reconnaître qu’il ne s’agit pas de la démocratie, des droits de l’homme et ni de hauts principes dont on nous appâtait pendant plus de 20 ans, mais de la quête de la domination – coûte que coûte. De ce que l’Européen Nietzsche avait appelé "Wille zur Macht", la volonté de puissance. Nietzsche savait de quoi il parlait.

Les masques sont tombés. Les convenances – aussi.


Source : rusvesna.su : Маски сброшены
Traduction : GalCha

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