Natalia Starokozhko : « Donbass sera-t-il ukrainien ou désert ? »
Natalia Starokozhko, blogueur, engagée dans la fourniture de l'aide humanitaire aux habitants du Donbass |
Plus la confrontation dans le Donbass entre les
partisans de la République populaire et Kiev officiel dure, plus il se dégage une
idée simple. Le Donbass est utile sans sa
population. On n’a tout simplement pas besoin des gens, on n’a besoin que
du territoire. Le Donbass désert permet tranquillement d’exploiter jusqu’à l’épuisement
des mines, de ne pas s'inquiéter des déchargements fumants à cause des
chantiers, de ne pas être dérangé par la modernisation de l'industrie, et puis procéder
à l'extraction du gaz de schiste. Et, bien entendu, de ne pas se soucier des
retraités, des familles nombreuses et d’autres couches de la population
socialement défavorisées. Moins il y a de population, plus il y a d'oxygène et
moins de frais.
Ce n’est pas sans raison que l'ex-ministre de la
Défense Anatoli Gritsenko, à l’antenne d’un célèbre talk-show, a exprimé cette
pensée : celui qui n'est pas content
du gouvernement et de la politique de Kiev, qu’il parte tout de suite en
Russie. Apparemment, les slogans « Donbass, c’est l'Ukraine » et « Pays
Uni », il faut les interpréter de nos jours comme le bon vieux « valise-gare ».
La prochaine étape sera les expulsions forcées, et peut-être la stérilisation des
dissidents.
Oui, et il ne restera plus tellement de gens à
expulser. Pas d'insuline dans le Donbass. Le programme gouvernemental pour les
enfants atteints d'arthrite juvénile, fermé. Les médicaments qui sont prescrits
à toutes les victimes de l'ATO, impossible de les acheter dans les pharmacies...
tout vise à réduire la population. Les plus forts survivront. Une triste illustration de l'évolution,
n'est-ce pas ?
À Kramatorsk, Slaviansk et leurs environs, il
n’y a pas d'électricité, pas d'eau, le troisième mois que les gens ne reçoivent
plus des prestations sociales, parce que Kiev a coupé le financement de la
région « pour des raisons de sécurité ». La question se pose : pour
la sécurité de qui ? De vous-même ? De la colère du peuple qui reste
dans la région de Donetsk, qui, sans eau ni nourriture, ne sera pas en mesure d’aller
jusqu’à la capitale ?
L’armée ukrainienne a détruit avec ses blindés
les terrains agricoles. Le gouvernement a laissé les élèves sortants sans
diplômes. La vie de millions de personnes est détruite. Les élections
présidentielles ont eu lieu sans tenir compte des votes des habitants de la
région. Et cela ne dérange absolument personne. Le plus important que l’accord
d’association soit signé. C'est exactement à cela que l'Europe du 21e siècle devrait
ressembler. La catastrophe humanitaire, les défilés des homosexuels et la
liberté d'expression sous l'œil vigilant des bourreaux.
Heureusement, tant qu'il y a encore des volontaires,
les gens gardent un certain espoir. L’espoir pour la vie, que les enfants puissent
partir sur des terres sures, et qu’une balle perdue ou un éclat ne les rattrape
pas dans la cour. L’espoir pour l'injection en temps opportun, l'espoir pour
les soins médicaux... Et nous allons travailler aussi longtemps que les gens
auront besoin d'attention et de soins. Les temps sont venus quand nous ne
pouvons plus rester une société indifférente et divisée. Ce n'est qu'ensemble
que nous pourrons survivre.
Et il est temps pour Kiev et le nouveau
gouvernement de rétablir la mémoire ou bien d’enlever la croix. Ou laisser partir
le Donbass et de reconnaître son indépendance, ou remplir les fonctions de
l'état dans son intégralité.
Source : politnavigator.net
Traduction : GalCha
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