Eugene Tcherny (11 juillet)
« L’Ukraine est un fagot
de paille pour incendier la Russie »,
dit notre auteur
Photo : REUTERS |
Cependant
pour le moment Obama n’arrive pas encore à souffler pleinement sur le feu
La raison formelle des
troubles de Kiev, pour qui se souvient, avait été le refus de Ianoukovitch ,au
dernier moment, de signer un accord
avec l'UE. Il a été renversé. Le
nouveau président Porochenko a signé l’accord
en condamnant l'Ukraine à la gestion externe (l’Union
Européenne a obtenu le droit de veto sur toute décision des autorités ukrainiennes.) On pourrait imaginer
que le pays retrouve la paix et l'amour !
Mais le génie sanglant
a été libéré de la bouteille... On dit
que Kiev n’est qu’une petite monnaie de
change dans la guerre non-déclarée entre Moscou et Washington.
Obama, à ce qu’il dit, a donné en
Ukraine une réponse asymétrique à Poutine.
En effet, grâce à la position ferme de VVP (Vladimir Vladimirovitch
Poutine, NDT) en Syrie, "le printemps arabe"
de Barack s’est étouffé, les
États-Unis n’ont pas pu achever l’Iran...
LA GUERRE
PASSERA L’ÉPONGE SUR TOUT !
— La raison est beaucoup plus vaste
— affirme le directeur de l'Institut des
problèmes de la mondialisation, docteur
en économie Mikhaïl Deliaguine.
– C’est la tentative de sauver le
capitalisme mondial tombant en ruine.
Les obligations
d'État des
États-Unis sont le fondement du système financier
mondial. Afin d’accroître la dette des États-Unis, qui en 2011 est devenu égal au
PIB (15,1 trillions de dollars), et maintenant dépassant les 17,5 trillions de
dollars, Washington doit maintenir
leur demande croissante.
Mais l'UE n'a pas
d'argent pour les acheter. Le
plus grand détenteur d'obligations
d’état américain, la Chine ($ 1,26
trillion), veut des garanties contre la
dépréciation du dollar, ce qui prive
les Américains des recettes exceptionnelles
dues à son émission. Les possibilités du
Japon ($ 1,21 trillion — 2e place dans la liste des créanciers américains) même remis sur pied
après Fukushima ne sont pas suffisantes pour combler les besoins
des spéculateurs américains.
— On dit
que la Russie, avec le début de l'embrouillamini à Kiev, a commencé à se
débarrasser à la dérobée d’obligations de la dette américaine.
— Pourquoi à la
dérobée ? Au contraire, nous
faisons tout trop ouvertement et
trop franchement. En octobre, les investissements
russes dans les titres d'État américain
s’élevaient à 149,9 milliards de dollars — la
10e place dans le monde. C’est à ce moment qu’une décision formelle a
été prise de les réduire. En
mars il n’en restait que pour 100,4
milliards de dollars – la 13e place. Ce n'est pas dû à la
politique étrangère, selon les théoriciens de la conspiration, sinon aux interventions de
change de la Banque de Russie sur le marché intérieur afin de stopper la chute du rouble. Lorsque le problème a été résolu en avril, la Russie a racheté des titres des
États-Unis pour 16 milliards de
dollars !
Cependant, dans
l’ensemble, les États n'ont pas assez de moyens pour la charge de la dette américaine. En revanche, les ressources des spéculateurs
mondiaux croissent. Afin de « les pousser en Amérique », il faut
effrayer les spéculateurs à mort
en étendant le chaos global, en y
plongeant de nouveaux territoires, tout en attribuant
à l'organisateur de ce chaos la réputation de l’unique « havre de
paix » au monde.
Toute la politique
américaine est encore soumise à cet objectif depuis l’anéantissement de la
Yougoslavie.
Dans l’ensemble, elle a épuisé ses possibilités.
De l'accroissement de la dette nationale, il est temps de passer à
son effacement, de l’expansion de
la zone de chaos —
à la grande
catastrophe qui justifierait une
telle annulation.
— Il est
connu que la guerre passera l’éponge sur tout ! D’autant plus, la grande...
— "Nézalejnaya" ("Indépendante"
en Ukrainien, NDT) ce n’est qu’une botte de paille,
appuyée contre la maison du voisin. Si les Américains réussissent au moyen de l’Ukraine "ardente"
à "enflammer" la Russie
et ainsi arranger la Troisième Guerre Mondiale, le problème d'effacement
de la dette mondiale sera résolu à nos frais. Mais, jusqu'à
présent, cela ne fonctionne pas. La réunification avec
la Crimée a subitement
donné à Poutine un énorme crédit de confiance. C'est justement ce qui a causé l'hystérie de l'Occident et de sa "cinquième
colonne" libérale.
—
Toutefois, les Yankees n’abandonnent pas les tentatives pour attiser le feu...
— Ce n’est pas en vain qu’en Ukraine
"luisent" et même périssent de hauts dignitaires de
la CIA. Une raison de plus pour les États-Unis de détruire l’Ukraine
est de couper l’Union européenne de
la Chine.
— La
Chine qu’est-ce qui est à faire là-dedans ? Elle a également décidé à adhérer
à l'UE ?
— Vendre ses marchandises ! Compte
tenu de l’orientation incurable de
l'économie à l'exportation, la
question d’acquisitions de nouveaux marchés pour Pékin est une question
de survie. Donc, elle a jeté son dévolu sur l'Union européenne.
Mais les routes
maritimes vers l'Europe sont contrôlées
par la flotte américaine. Les Yankees peuvent
à leur gré bloquer subitement tout
trafic. Une idée naît à Pékin — l’idée
d’une "nouvelle route de la soie"
reliant les producteurs chinois aux consommateurs européens par la voie terrestre — juste au moment où ces
derniers s’appauvrissent sous les coups de la crise et la
concurrence américaine. Ianoukovitch a donné son accord pour créer une plate-forme de transport chinois en
Crimée. Pour briser ce projet,
les États-Unis et leurs satellites européens ont "enflammé"
l’Ukraine aussi précipitamment. En effet, initialement le renversement de
Ianoukovitch était prévu pour l'été 2014,
comme l’affirment les banderistes aux journalistes.
Transformée en une
nouvelle Somalie,
l’Ukraine pourrait très bien couper
l'Union européenne du gaz russe. En l’obligeant d'acheter le coûteux gaz de schiste américain, dont l'exportation commencera à partir de l’année 2016.
D'autre part, les transnationales européennes aussi
bien qu'américaines sont avides de s'emparer du marché et des ressources de l'ancienne Ukraine. Les parents de dirigeants américains, comme on le
sait, font partie de la direction de sociétés ayant des
visées sur le gaz et le pétrole ukrainiens. L’objectif
américain est de s’emparer également du système de transport du gaz.
La société "Westinghouse" tente de remplacer le combustible
russe pour les centrales nucléaires ukrainiennes par le leur. Cela rapportera jusqu'à 1 milliard de dollars par an, et sans
même l'aménagement de la zone de
Tchernobyl en dépotoir paneuropéen des déchets
nucléaires, et couvrira largement les frais des États-Unis engagés pour organiser le coup d'État nazi
à Kiev. Le géant mondial de production des organismes génétiquement modifiés "Monsanto" s’intéresse aux terres noires locales. Sans parler du charbon du Donbass, dont toute
l’Ukraine ne peut s’en passer, qui est une prime énorme.
Les fameuses subventions de 13 milliards
de grivnas — 3 % du budget — ne concernent que 18,3 % de la
production (principalement les mines d'État),
et le reste est tout à fait rentable.
Et ces mêmes subventions, en réduisant
le prix, soutiennent aussi bien les services de logement,
que l'ensemble de l'économie ukrainienne, dont le Donbass est le véritable maître. À propos, c’est pour cela qu’on le
détruit.
Il est clair que la prise (sous
le couvert de privatisation) des actifs nationaux nécessite l'effondrement de la structure de l'État ukrainien. L'effondrement est
nécessaire également aux transnationales européennes, qui ont aussi jeté leur dévolu sur la riche terre noire (comme
Hitler en 1941), sur le secteur d’énergie, les ports fluviaux et maritimes, l'industrie chimique
et le business du charbon, particulièrement
important dans les conditions de la "renaissance du charbon" dans
de l'énergie européenne. Et le rôle clé
des ministres des Affaires étrangères
de la Grande-Bretagne, de l'Allemagne et de la Pologne dans la réalisation du coup d’état nazi en
Ukraine, qui a détruit ses structures étatiques, est très convaincant. Bien
que les politiciens européens ne
soient que des marionnettes des stratèges américains et mondiaux qui ont personnellement
organisé et orchestré la catastrophe ukrainienne.
— Ah bah,
tout s’est chamboulé dans la maison ukrainienne !
— Il est important
de comprendre que le contrôle des ressources, à la différence du contrôle des marchés,
n’éveille pas chez les nouveaux colonisateurs
l’intérêt au maintien de la vie normale du pays maîtrisé. On voit des exemples du fonctionnement
ininterrompu de l'infrastructure d'exportation
dans les conditions des conflits
internes les plus violents dans toute l'histoire moderne de l'Afrique.
En outre, le secteur de l'économie réelle est plus faible politiquement
que le secteur financier. C’est pourquoi la
partie intéressée à maintenir une vie
normale dans l'ancienne Ukraine
(puisque quelqu'un doit consommer l'électricité et le gaz, et les ports doivent gérer les marchandises d'exportation) perdra toujours face aux financiers. Ils
n’ont, en effet, besoin
que de semer le chaos sanglant, s'étendant de préférence
à la Russie.
Ainsi, presque tous
les intérêts
mondiaux existants actuellement
se sont rencontrés en Ukraine, à l’exception peut-être
ceux de l'islam politique.
— On
prédit à l’Ukraine le sort de l'ex-Yougoslavie. Elle a déjà perdu la Crimée.
Maintenant nous avons l’Ukraine Centrale sous le contrôle de Kiev, les
républiques autoproclamées de Donetsk et de Lougansk. Plus il y a aussi la "Nouvelle Khazaria", dont
on ne parle pas en Russie.
— Plus précisément
de l'appeler le "caïdat de Kolomoïsky". En fait, c’est une nouvelle structure étatique.
Elle a déjà déclaré son indépendance par rapport aux autorités de Kiev, en particulier, par le
refus fondamental de se conformer
à une "trêve" provisoire annoncée par Porochenko à la fin du mois de juin. Pour autant qu'on puisse en juger, le
Caïdat, en plus de la région de Dniepropetrovsk (où gouverne
l’oligarque), comprend aussi la région d’Odessa dirigée par son manager et le
Zaporozhye. Un contrôle moins rigide
est établi sur les régions de Nikolaïev et de Kherson. Probablement, un contrôle est en train de s’instaurer dans la région de
Kharkov.
Le noyau de gestion
est formé par des managers, gibiers de correctionnelle, du groupe
"Privat" de l’oligarque Kolomoïsky. Ils
ont leurs propres forces armées bien
équipées, organisées et entraînées sous forme de plusieurs détachements punitifs, qui, pour la splendeur, sont appelés "bataillons". La terreur a permis à Kolomoïsky
de réprimer dans la région de Dniepropetrovsk la résistance aux
nazis, de "ratisser" Zaporozhye,
Nikolaïev et Odessa,
et dans cette dernière d’organiser également un bain de sang, le 2 mai.
Kolomoïsky a construit à Dniepropetrovsk
un centre culturel juif, le plus grand
de l’Europe, d’une
superficie de plus de 50 000 mètres carrés. L'activité dans ce sens lui assure de
l'influence internationale et permet, en cas de besoin, de compter sur
la reconnaissance formelle. Il semble que les États-Unis
ont reconnu de facto l'indépendance du Caïdat du Gauleiter de
Kiev, Porochenko, et ce dernier ne peut rien y faire. Étant donné qu'aucun des fonctionnaires
de Kiev n'a participé
à la réception de la délégation
officielle des États-Unis sur le terrain de Kolomoïsky.
— Quelle
évolution prendront les évènements chez nos voisins ?
— Porochenko n’arrivera pas à
réprimer la résistance armée à Donetsk
et à Lougansk. Puisque
le nazisme n'est pas rentable et son financement par "Gazprom"
sous forme de la livraison gratuite de gaz russe a finalement cessé, déjà en automne, dans certaines régions de l'ancienne Ukraine,
la famine commencera. Au printemps,
elle se répandra sur une grande partie
de cette zone.
Kiev va essayer de
couper la menace d'un soulèvement populaire en Novorossia et à l’Est de
l'Ukraine (en dehors des frontières des
Républiques populaires de Donetsk et de
Lougansk) par la terreur impitoyable en
masse, et les humanistes et
les démocrates des États-Unis et de l'Union Européenne se feront un plaisir de financer la construction de camps de concentration
et l'expansion des
organisations terroristes. La destruction de l'économie
ukrainienne fera du service dans
les unités de répression le seul gain
possible, et beaucoup de gens désespérés s’y engageront, uniquement pour se nourrir.
En même temps la lutte pour le
pouvoir à Kiev même va s’intensifier. Les bandits du "Pravy Sektor", jusqu'à présent
se vendant au détail, commenceront à offrir leurs
services déjà au niveau du
commerce politique de gros. Les bandes armées de Lyachko
et d’autres personnages deviendront plus
fortes. Timochenko, curieusement, n’a pas pu encore utiliser ses ressources
politiques et financières
importantes pour créer ses propres
bandes. Porochenko
ne pourra du tout former sa bande personnelle, et donc restera la marionnette
d’ornement.
La chamaillerie pour
le pouvoir à Kiev
fera du territoire de Caïdat
"ratissé" par Kolomoïsky un régime
politique idéal aux yeux des
tuteurs occidentaux et contribuera à la
tentation de lui léguer le
pouvoir ainsi que sur Kiev
en faisant de lui le chef suprême
de l'Ukraine nazie.
Ce chaos de la
politique interne affaiblira l'efficacité de la terreur en
réunissant les conditions d’un soulèvement populaire à grande échelle.
S'il réussit, le pouvoir des
nazis sera ébranlé, et, fort
probablement, Kiev sera libéré aussi. Alors, l’Ukraine ayant passé des épreuves terribles commencera
la réunification avec la Russie.
Si cela échoue ou est étouffé dans
l'œuf – L’Ukraine en
espace d’une année se transformera en un
"Champ Sauvage". La
partie active de la population se dispersera pour chercher son gagne-pain en
Russie ou en Occident, ou bien se
rangera parmi les bourreaux.
La seule
alternative à cela est une autorisation formelle par la loi et la formation de ses propres sociétés militaires privées
russes semblables aux américaines
et européennes faisant
la guerre en Ukraine. Pour cela, même la Douma peut être rappelée de vacances
une journée plus tôt, alors les combattants du Sud-Est auront le soutien leur permettant de
nouveau libérer Kiev de l'occupation nazie avant l'hiver.
Mais ceci est peu probable : les dirigeants russes craignent la troisième
guerre mondiale avec l'Occident. Bien
qu’il ne puisse plus nous témoigner plus de haine que maintenant, alors, selon
le principe « autant vaut bien battu que mal battu » ces actions seraient
les seules responsables et efficaces.
Source : m.kp.ru : Украина - вязанка соломы для поджога России
Traduction : GalCha
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