Voici un autre article et des photos et vidéos de cette journée du 24 août 2014.
Nous attirons votre attention, particulièrement, sur l'attitude de la population de Donetsk vis-à-vis des "terroristes" et leur réaction au passage des "libérateurs" (l'insulte la plus modérée était "fasciste").
Le défilé des prisonniers fascistes dans le Donetsk. RPD, 24 août 2014 (vidéo/Photos)
24.08.2014
Communiqué
du correspondant de guerre A. Kots
« Dans le centre de Donetsk, on a fait défiler la colonne de soldats ukrainiens prisonniers. Les Ukrainiens prisonniers ont été amenés dans le centre de Donetsk. Et voilà la parade. En effet, c’est terrible. Le plus modéré de ce que scandaient les gens était : “Fascistes”. Les prisonniers ont été amenés jusqu’à une petite ruelle et installés dans un bus. S’il n’y avait pas de convoi, les habitants les auraient déchiquetés. Après le passage des prisonniers, des camions d’arrosage ont ostensiblement lavé l’asphalte sur la route de leur marche ».
« Jusqu’au dernier moment, il n’était pas clair, que ce “défilé de la honte” ait lieu ou pas. Selon nos informations, les avis des responsables de la République de Donetsk étaient partagés à ce sujet. Certains pensaient qu’il n’y a rien de mal à ressusciter les traditions de l’Armée rouge et soviétique de l’époque de la Grande Guerre Patriotique. Selon la logique tout concordait — les fascistes prisonniers ont défilé à Leningrad et à Moscou et qu’ils défilent ici aussi. Le fait que dans la Novorussie font la guerre aux combattants non pas des “guerriers de la lumière”, mais de rares salauds n’ayant ni morale ni freins, tous semblent avoir déjà compris. Les “félicitations” matinales de Donetsk pour la fête de “l’Indépendance” n’étaient qu’une confirmation de plus — aujourd’hui, à 7 heures, une série d’obus s’est abattue sur l’hôpital de Kalinine. Dans deux bâtiments, les vitres se sont brisées. Un des obus est tombé sur la morgue de l’hôpital où reposaient les corps y compris ceux des habitants de la ville tués dans les bombardements. On les a tués deux fois... »
« Il y avait d’autres points de vue de la morale : “il faut être au-dessus de cela”, “ne pas leur ressembler”. Nous sommes venus au “défilé de la honte” sans aucune émotion, en nous disant que ce sont les citoyens de Donetsk qui doivent décider comment réagir. »
Meeting
des partisans de la RPD sur la place centrale de Donetsk.
Photo : Alexandre
KOTS, Dmitry STECHINE
|
Dans la matinée, les habitants ont commencé à se rassembler sur la place – pour voir le "défilé du matériel militaire détruit", et vers deux heures de l’après-midi jusqu’à cinq mille personnes se sont réunies devant le monument de Lénine. Pour la Donetsk déserte, c’est un chiffre colossal qui les a eux-mêmes stupéfiés. On nous disait que beaucoup de gens voulaient venir, mais seulement ils ont eu peur – le bombardement du matin de l’hôpital a montré que l’artillerie ukrainienne "atteint" facilement le centre-ville. Il ne fallait pas compter sur le fait que les gens qui frappent vingt-quatre heures sur vingt-quatre les quartiers résidentiels ne vont pas profiter de cette occasion propice pour éliminer d’un seul coup quelques centaines de "terroristes". À deux heures pile, le présentateur a annoncé que le meeting antifasciste est déclaré ouvert et a prononcé quelques mots amers :
« Maintenant, vous allez voir les gens qui nous tuent et qui bombardent notre ville. Et encore, ces gens ont tué l’Ukrainien qui était en nous. Désormais — nous sommes russes ! »
« Russes ! » – a répondu la place de telle sorte que les pigeons se sont enfuis à tire-d’aile de la pelouse vers le ciel.
De
la tribune du meeting, il a été déclaré que ces gens
« ont tué l’ukrainien dans tous
ceux qui sont ici présents. »
Photo :
Alexandre KOTS, Dmitry STECHINE |
Les
soldats prisonniers dans les rues de Donetsk.
Photo :
Alexandre KOTS, Dmitry STECHINE |
D’en bas, dans la rue déserte d’Artem, des rangs de gens gris se sont mis en mouvement. Au début, la place s’est alignée en silence le long des trottoirs. Les combattants se tenaient en chaîne pour protéger la colonne. Les citoyens scandaient de plus en plus fort « Fascistes ! » Enfin, les nerfs d’une femme ont lâché et une bouteille d’eau minérale a volé dans les prisonniers, sans toucher personne, elle s’est brisée sur le trottoir. Ceux qui marchaient devant en ont reçu beaucoup moins. Le convoi en tête de la colonne était plus dense. Une fille-combattante avec un vieux fusil SVT du temps de la Grande Guerre Patriotique avec une baïonnette dont l’acier poli lançait des reflets de soleil. Il semblait que cette scène venait du passé. Et même les "fascistes" étaient les mêmes — des hommes pas rasés d’âge moyen avec un hâle "de campagne". Vêtus à qui mieux mieux — du camouflage soviétique "petit bouleau" au Flecktarn de la Bundeswehr.
Les prisonniers
marchaient en étant protégés par des fusils à baïonnettes et
accompagnés de chiens bergers.
Photo :
Alexandre KOTS, Dmitry STECHINE |
Toute la "marche" n’a pas duré plus de 5-7 minutes. Sur l’avenue sont passés en décalé trois camions d’arrosage, balayant vers le bord de la route les ordures, les tomates, les coquilles d’œufs. De mêmes "arroseurs" accompagnaient les colonnes de prisonniers nazis en 1944. Quelqu’un a jeté sous les pieds des prisonniers deux drapeaux – celui de Pravy Sektor et le "jaune-bleu". Les drapeaux sont restés collés à l’asphalte. Un des combattants a accroché les chiffons mouillés avec le bout de son canon et les a tirés sur le côté. Les gens sont revenus sur la place où Oleg Tsarev avait déjà commencé son discours :
« Je vous remercie d’être là. Merci d’avoir survécu. Si vous n’étiez pas là, il n’y aurait pas eu de sens de défendre la ville. Vous allez travailler, vous allez aider la ville à vivre. Et aujourd’hui, nous avons comme une humeur de fête. L’ennemi a jeté dans le combat toutes ses réserves, il a enlevé toutes ses troupes de Kharkov, de Marioupol, des réservistes et des conscrits avec des fusils rouillés sont envoyés à l’abattoir. Il y a un tel nombre de morts qu’ils se mordent les doigts. Le gouvernement ukrainien a lancé une chaîne de la mort. Ils comptaient nous mettre à genoux, mais ils ont échoué. »
Toute
la marche a duré environ 5-7 minutes.
Photo :
Alexandre KOTS, Dmitry STECHINE |
Alexandre Zakhartchenko, le commandant suprême des Forces armées de la République Populaire de Donetsk, a pris la parole en dernier. Il a annoncé une nouvelle à laquelle les gens épuisés n’osaient pas croire :
« Hier, nous avons commencé une contre-offensive. Environ 4.000 personnes se trouvent encerclées près d’Amvrosievka. Vous avez vu ici, sur la place, le matériel brûlé. Il y en a des dizaines de fois plus. Simplement, nous ne pouvons pas tout amener ici. Je tiens à remercier les mères et les pères de mes soldats, mes combattants. Pour ces hommes qu’ils ont élevés. Ce sont des héros. J’ai vu comment un jeune gamin de 18 ans s’est couché sous le char avec des grenades. Merci à nos grands-pères et à nos arrières-grands-pères pour leur éducation juste. Un salut très profond à vous. »
Alexandre Zakhartchenko a encore
discuté quelques minutes avec les gens, et sur ce, le
court meeting s’est terminé. Les gens ne
quittaient pas la place – ils se réjouissaient, discutaient, observaient les
trophées. Nous étions
déjà assis depuis un bout de temps dans le café presque
le seul ouvert, on écrivait notre papier, transmettait les photos et les vidéos...
Et puis, devant nous, de la
place les gens se sont précipités dans les ruelles. Quelqu’un a fait
courir la rumeur que de l’aérodrome de Kramatorsk a
été lancé un "Totchka U". Ce
fut cette fuite éperdue qui a montré dans quel épuisement
mental extrême se
trouvent ces gens.
Ne jugez pas sévèrement les citoyens de Donetsk, s’ils se mettent en colère quand on les tue.
Au moins, ils n’ont pas mis les prisonniers à genoux, comme le faisaient les Banderistes avec les "Berkout".
Véhicules détruits de la Junte de Kiev
Traduction : GalCha
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