Vladimir Poutine a trouvé le talon d’Achille de l’Occident
27.09.2014
Le 19 septembre 2014
a été arrêté, puis
placé en résidence surveillée, "l’homme
d’affaires russe", descendant des années fringantes 90,
le chef d’AFK "Sistema"
Vladimir Yevtouchenkov. À ce jour, les médias
ont publié de nombreux commentaires
dédiés à cet événement.
Ci-dessous, nous présentons deux articles qui, à notre avis, reflètent le plus fidèlement les causes et les conséquences de cette arrestation.
Le texte surligné en gras est souligné par nous.
IAS KPE (système
d’information et d’analyse Cap de la vérité et de l’unité, NDT)
Vladimir Vladimirovitch Poutine a trouvé le talon d’Achille de l’Occident
En juin, la
"Nouvelle Russie" a publié l’article la Grande
révolution anti-oligarchique, où les relations du
chef de file national russe Vladimir
Poutine et du capital oligarchique
en Russie ont été qualifiées comme antagonistes et nécessitant
leur résolution. L’article prévoyait
que la confrontation des oligarques
avec le Kremlin continuerait :
« Poutine, tôt ou tard, sera contraint à faire de nouvelles et assez sévères démarches
dans la direction de la restriction ultérieure (jusqu’à l’éradication totale) de la
liberté oligarchique délabrant tout l’édifice étatique autonomie tout simplement parce que sans cela on peut mettre une grosse croix sur ses plans de
la renaissance de la Russie ».
En moins de trois
mois, les « nouvelles et assez sévères démarches de Poutine » à
l’égard de l’oligarchie locale ont commencé à se remplir du contenu pratique. Les
commentateurs qui réduisent le sujet de l’arrestation du milliardaire Vladimir Yevtouchenkov à
ses machinations avec "Bachneft"
sont enclins à faire passer leurs désirs
pour des réalités. À savoir, de circonscrire
ce sujet par un cas isolé, et, Dieu nous en préserve,
ne pas laisser devenir le maître
d’esprits et l’illustration de certaines tendances globales.
Sur ces entrefaites, Vladimir Poutine,
apparemment, a tiré justement des conclusions
globales concernant l’oligarchie nominale russe, dont
le drame enduré par l’Ukraine a
servi de base. Les gros brasseurs d’affaires de là-bas, se
nichant confortablement sur les ruines de l’économie de l’ex-URSS
et entrainés à profiter de bon train de
ces ruines, ont conduit leur
pays à l’esclavage économique de l’Occident.
Et quand il a fallu mettre les points
sur les "i" dans le sort géopolitique de l’Ukraine,
les oligarques, tous, comme un seul homme,
ont trahi, et son peuple, et
son indépendance étatique.
C’est certainement cette leçon qui est
devenue clé pour Poutine dans de l’expérience ukrainienne. Et en se superposant sur une compréhension claire de ce que les oligarques pseudo-russes ne sont pas du
tout mieux que les pseudo-ukrainiens, et, au besoin, de la même façon, ils livreront
la patrie avec tout le bataclan, ont incité le Kremlin aux actions
préventives rigides pour ratisser la clairière oligarchique.
Il est possible que les mêmes considérations
des sommités du Kremlin expliquent le
fait que Moscou officielle n’a jamais manifesté une attitude négative aux
nombreuses initiatives des jeunes leaders de la Novorussie,
qui ont entrepris beaucoup d’efforts
pour transformer le soulèvement local de la population dans une révolution anti-oligarchique d’envergure. Et cette position est tout à fait logique – si on doit commencer une
guerre totale contre les oligarques, alors c’est justement en Ukraine,
où leur toute-puissance a déjà conduit à
la catastrophe nationale.
Bien sûr que leurs homologues
de l’autre côté de la frontière ne
sont pas aussi fous et comprennent
très bien qui est le maître de la
boutique. Mais à la lumière des
actuelles divergences fondamentales
entre la Russie et l’Occident, tout cela est sans importance. Parce que l’oligarchie locale, aussi bien que l’ukrainienne,
est, en son essence,
compradore, affûtée pour l’enclavement de la Russie dans le système économique occidental en tant que l’appendice des matières premières aux
conditions plus désavantageuses pour le pays, de fait en le poussant
à l’esclavage. Sans oublier le fait que, dans certains cas, et l’une et l’autre oligarchie
sont étroitement entrelacées jusqu’à leur unicité totale.
Les représentants
de ces intérêts économiques, aussi bien soient-ils disposés, au moins en public, envers
Poutine personnellement, avec toute la peur qu’ils puissent avoir de
lui, la logique objective inévitablement
les poussera à résister à l’autorité.
Plus cette autorité tiendra la barre du navire de l’État russe au
cap antioccidental, plus cette résistance sera forte.
Par ailleurs,
c’est en septembre
que l’oligarchie de Moscou avait prévu la première action publique organisée contre la politique de Poutine sous forme
« d’une rencontre des dirigeants des affaires russes » annoncée par Anatoly Tchoubaïs. Et, très
probablement, l’arrestation de l’un
de ces dirigeants visait précisément à faire
tomber ces plans.
Voici en quoi ceci est curieux. À peine
les autorités russes ont-elles mis le bracelet électronique à
Yevtouchenkov qu’une déclaration assez inattendue de
l’Amérique, surtout sur le fond d’hystérie antirusse, a suivi. Le secrétaire d’État adjoint, le coordonnateur des sanctions américaines contre la Russie, Daniel Fried a exprimé l’avis que
l’Occident puisse atténuer
ou lever les sanctions contre Moscou même sans le retour de la Crimée en Ukraine. Compte tenu de la dominante
actuelle de la politique américaine, visant juste le contraire – oppression totale de la Russie et
restitution de la péninsule de Crimée, cette
déclaration sonne comme une véritable sensation. Bien que Fried
ait expliqué une telle possibilité par le
progrès aux pourparlers de paix à Minsk et par d’autres détails,
le fait de la coïncidence de cette
proposition à Moscou avec l’arrestation
de l’un des plus importants oligarques
russes semble emblématique.
Ce qu’il y a de
particulier, c’est que même les succès militaires spectaculaires de Novorussie n’ont pas contraint les États-Unis
à abandonner leur politique très rigide envers la Russie. Mais il a suffi que Poutine,
en réponse à des sanctions occidentales, "tâte le pis" de l’un des compradores de
Moscou, pour que Washington commence immédiatement à parler de la
possibilité de reconnaître sans
problème la Crimée russe. Il semble que l’histoire avec Yevtouchenkov et avec ce qui est
réellement derrière de tout cela (et
ce n’est absolument pas la banale machination avec "Bachneft") a
fait peur à la crème occidentale beaucoup plus que la menace de perdre toute
l’Ukraine.
Poutine, tout à fait clairement, fait comprendre que, pour poursuivre ce débat avec l’Occident, il a dans ses mains des arguments beaucoup
plus forts que l’interdiction de "cuisses
de Bush" (dans les années 90, le marché russe
était inondé de cuisses de poulet américain surgelées, comme c’était à l’époque
de Bush, les Russes les appelaient "cuisses de Bush", NDT) ou de "choux
de Bruxelles". À savoir – le démantèlement complet de l’oligarchie
compradore comme la première étape
de cette révolution mondiale anti-oligarchique (lire – anti-occidentale)
qui depuis longtemps mûrit dans ce monde,
dont même le Pape en personne avait
parlé de la nécessité de la réorganisation décisive
sur les principes plus humains et plus
justes. Et Vladimir Poutine, qui a rencontré le pontife juste après sa déclaration révolutionnaire, est actuellement le seul leader mondial capable non seulement de se mettre à la tête d’une telle campagne mondiale pour la justice, mais aussi de l’amener à sa fin
logique.
C’est pourquoi,
même la
moindre menace de Poutine d’entreprendre
cette voie, et c’est comme ça
qu’il faut comprendre le fond abyssal
des événements, est capable de mettre
ses vis-à-vis occidentaux dans un état
proche d’une prostration complète. Après tout, l’Occident est parfaitement conscient que le système du pouvoir oligarchique et financier
construit, avec toute sa toute-puissance
apparente, s’apparente maintenant
plus à un château de cartes, prêt à s’effondrer à la
moindre poussée. Et il semble que le Kremlin ait vraiment trouvé
ce talon d’Achille qu’il faut frapper.
D’autant plus que
cela correspond entièrement aux intérêts fondamentaux de l’État et de la société russe. Qui ne consiste absolument pas à participer au
futur pillage de leur propre pays par des sangsues
occidentales et par des locaux qui sont à leur botte.
Yuri Selivanov
M. Khazine sur Yevtouchenkov
En général, bien sûr, il est étrange que cela se fasse seulement maintenant – moi, j’ai appris cette
histoire depuis longtemps, il y a environ un mois et demi au
moins. Et puisque je ne suis pas un super-insider,
cela signifie que presque tous ceux qui
devaient le savoir, le savaient. Mais – ils gardaient le silence.
Et maintenant – c’est comme une rafale. Eh bien, oui, bien
sûr, on a arrêté l’oligarque de la
première vague. Mais l’ampleur du bruit indique clairement que c’est une campagne que quelqu’un a payée. Alors, pourquoi y participer gratuitement ?
Pour commencer – mon attitude
envers les oligarques. Ils ont tous obtenu leurs fortunes à travers la privatisation, qui était, aussi bien dans son ensemble,
que dans chaque élément concret, un acte délictueux.
Et du point de vue des intérêts de la société, et en termes de la loi formelle.
En outre, elle était
criminelle, même en termes de
règles de privatisation (qui
étaient contraires aux lois civiles), puisque
les "prendvatisateurs" (jeu
de mots entre prendre et privatiser, NDT) américains et les
nôtres ne se sont pas trop inquiétés du respect des
prescriptions écrites par eux-mêmes.
La conséquence de
tout cela est simple : tous les bénéficiaires et tous les organisateurs
de la privatisation sont des criminels.
En particulier, tous les oligarques de la première génération, dont
Yevtouchenkov fait partie. C’est à propos de cette campagne au sujet de "blanc et doux", qui a déjà commencé dans la presse. Regardons la vérité des choses
en face – il n’est ni "blanc" ni "doux". C’est un criminel. Tout comme
Khodorkovsky, Goussinsky, Berezovsky et tous les
autres oligarques des années 90.
Malheureusement, l’élite
russe actuelle
est le fruit de la privatisation.
Et ces gens ne
seront jamais d’accord non
seulement pour sa révision (cela est
déjà presque impossible physiquement), mais non plus pour
son examen détaillé. Parce qu’ils ont une situation plutôt complexe – c’est que la société russe
n’a pas reconnu la légitimité de la privatisation. Par conséquent,
il y a un schisme profond entre les élites
et la société. Grosso modo, l’élite ne rêve que de légitimer les résultats de la privatisation, et la société ne
veut catégoriquement pas le faire. C’est
de là, d’ailleurs, que vient une énorme
fuite des capitaux – tous les bénéficiaires de la privatisation
sont bien conscients qu’ils n’arriveront pas à le faire à
l’intérieur de la Russie. Toutefois,
ces derniers temps, ils ont réalisé qu’ils n’arriveront pas à
l’extérieur non plus – mais, ce sont dès lors leurs problèmes.
Soit dit en passant, c’est pour cette raison que l’Occident, par ses tentatives,
veut obtenir au moins quelque chose
de "Ioukos", mais cela ne fait que compromettre sa crédibilité en Russie.
C’est qu’il essaie de résoudre les
problèmes par des moyens purement légaux dans l’hypothèse que tous les actionnaires de « Ioukos »
étaient des détenteurs honnêtes. Mais
"Ioukos", au
moment des enchères sur les prêts hypothécaires, a été cyniquement volé à l’État, avec des
violations graves de la loi ! Et du point de vue de
la société russe, tous ses actionnaires étaient purement et simplement des revendeurs
des biens volés. Et, par conséquent, ils n’ont pas et ne peuvent avoir aucun droit.
Et ceux qui tentent de défendre ces droits, ainsi, sont également des criminels.
Je ne vais pas maintenant développer plus ce sujet (même s’il est très intéressant
et je recommande regarder encore le
texte ici sur ce lien :
http://worldcrisis.ru/crisis/1057310),
seulement je note l’une des principales
conclusions de mes
raisonnements : Yevtouchenkov a, certainement, de quoi être arrêté.
Cela soulève une
autre question :
pourquoi, alors, ne l’a-t-on pas arrêté avant et pourquoi
les autres oligarques ne sont-ils pas en prison ?
Et c’est ici que se
pose la question, ce qui est plus
important, des intérêts de la
société ou de la loi. Il est
clair que si, aujourd’hui, on commence
à arrêter tous les oligarques, alors pour
cela, il nous faudra instaurer une dictature brutale
(puisqu’ils vont résister, aussi bien que leurs protecteurs en Occident) qui touchera également un grand nombre de
citoyens innocents. Et le niveau de déstabilisation croîtra fortement. Et ce qu’on
aura à la fin – est une grande
question. Pour cette raison, M. Poutine, qui, bien sûr, pense à la Russie (autre chose, c’est que nous ne savons pas vraiment quoi), ne peut en aucun cas choisir ce chemin. Par
contre, ils obligent des oligarques à respecter certaines règles.
Alors, regardons
donc "l’affaire Khodorkovsky" du point de vue des intérêts du pays. Son résultat est unique : les oligarques ont commencé à payer des impôts. Prêtez, en passant, attention à l’Ukraine : là-bas, il n’y avait pas
d’"affaire Khodorkovsky" et
les oligarques ne paient pas d’impôts.
Nous voyons les résultats. En d’autres termes, du point de vue de l’État
et de la société, "l’affaire Khodorkovsky" était, sans doute, terriblement utile et positive, puisqu’elle
a permis d’obtenir un résultat très significatif. Par ailleurs, à l’Occident, il y
avait aussi des affaires similaires, mais il y a longtemps. Comparez, par exemple, avec la division de
"Standard Oil Company", il y a
une centaine d’années.
Voyons, maintenant, à quels problèmes urgents le pays
doit faire face aujourd’hui. C’est la
substitution des importations. Ne parlons pas de
la macroéconomie ni du budget – c’est la tâche de Poutine
personnellement et il doit la résoudre. Mais
il y a encore des investissements – et c’est là que les
oligarques doivent ouvrir la marche.
Mais, pour l’instant, ils ne l’ouvrent pas, et c’est avec une argumentation étrange – à les entendre, ce n’est pas "rentable".
Bien sûr, on peut leur dire que quand on leur a fait cadeau des propriétés
de quelques milliards, ce n’était pas non plus "rentable" pour l’État, mais ils n’accepteront pas cet argument aujourd’hui. Mais un rappel qu’ils sont tous, du
point de vue de la loi, des criminels, peut
fonctionner.
Bien sûr que cette question est délicate : comment donc, il s’avère que notre loi est d’une nature sélective ? Imaginez
comment l’Occident se mettra à hurler?
Et même qu’il hurle déjà. Mais ici, nous ne pouvons que répondre que chez eux non plus il n’est pas coutume de juger les représentants de l’élite suivant la lettre de la loi.
C’est justement ça, l’élite, et elle est
libre de toute responsabilité vis-à-vis de la société.
Mais si, par contre, le représentant
de l’élite commence à violer les règles internes d’élite... C’est là
que commencent à sortir "l’affaire du Watergate", "l’affaire de Strauss-Kahn," ou "l’affaire de Madoff." Eh
bien en quoi Madoff est pire qu’Yevtouchenkov
ou Khodorkovsky ? Pourquoi on ne l’avait pas coffré pendant vingt
ans, et bien, après ? Tous ces 20 ans, on savait tout de lui !
Et de telles questions, on peut les
poser par centaines à l’Occident.
En général, du point de vue
de la société et de l’État, "l’affaire Yevtouchenkov",
très probablement, sera le point critique, après quoi les oligarques commenceront à investir dans le secteur de
production de la Russie. En tout cas, c’est ce que j’espère.
Il ne reste qu’une question pourquoi Yevtouchenkov. Et là, j’ai une version. Purement personnelle. Ce
qu’il y a, c’est que lui, il y a bien
longtemps, s’était engagé à faire
une base de production de la
microélectronique en Russie. Et
il n’a pas rempli cet engagement. Aujourd’hui, ceci est
particulièrement dangereux pour le pays, puisqu’on essaie de nous couper des sources d’importation.
Et donc, ce n’est plus une question d’argent,
mais de sécurité de tout État. De toute façon, quelqu’un doit répondre pour cela.
Donc, je vois "le cas Yevtouchenkov" comme une tentative des
dirigeants russes de changer l’attitude des "élites de privatisation" du pays
envers leur pays et leur peuple. À
quoi arrive-t-on à la fin, c’est déjà une autre question.
Mais c’est que nous allons voir. Par
contre, je ne vais pas discuter qui sera le bénéficiaire de tout ce schéma, comme le font les différents
oligarques et leurs proches. D’une part, parce que je n’ai pas d’information,
et les sornettes que me racontent des voleurs ne m’intéresse pas, et d’autre
part, parce que, du point de vue des intérêts du pays, ce n’est pas vraiment important. De toute façon, quelqu’un
doit en être le bénéficiaire, indépendamment
de la forme de propriété. Nous sommes
préoccupés par une seule chose – qu’à la fin, la situation économique générale s’améliore.
Cette chance existe – et alors, il n’y a plus rien à discuter.
M. L. Khazine
Agence centrale d’information de Novorussie
Novorus.info
Source : novorus.info-news : Владимир Владимирович Путин нащупал ахиллесову пяту Запада
Traduction : GalCha
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