Un article de La
Voix de la Russie
Discours de Poutine : le monde avant et après Valdaï
27 octobre 2014
© Photo : RIA Novosti/Michael Klimentev |
Des
citations tirées du discours du président russe Vladimir Poutine sur une
nouvelle architecture des relations internationales ont inondé rapidement le
web.
Chose
étonnante, mais des commentaires concernant l’essence de son discours de Sotchi
sont peu nombreux dans les médias des États-Unis et de l’Occident. En règle
générale, les médias sont tétanisés quand une analyse met dans le mille et on
se sent mal à l’aise pour en discuter. Quand elle est tellement désagréable qu’on
préfère ne pas la remarquer.
Cette
année 108 experts de 25 pays, dont d’anciens présidents et premiers
ministres, sont arrivés pour participer aux réunions du Club de discussion
Valdaï en dépit des sanctions et des appels à l’isolement de la Russie. La
plupart des spécialistes des relations internationales sont convaincues que le
discours du président de Russie a déjà divisé le monde à celui d’avant et d’après
Valdaï.
« C’est un discours très fort », estime le politologue américain réputé Dmitri K. Simes. « Vous pouvez lui donner raison ou pas, mais il attire l’attention et fait réfléchir. Sans aucun doute, ce n’est pas un discours d’un leader acculé au pied du mur par les sanctions et tâchant de trouver une issue honorable. C’est un discours du leader d’une grande puissance nucléaire qu’il faudra prendre en considération indépendamment de savoir si cela plaît ou non ».
Les
paroles de Poutine ne pouvaient étonner que les gens ayant oublié son discours
prononcé le 7 février 2007 lors de la Conférence de sécurité de
Munich. Les thèses et les idées maîtresses du discours de Valdaï complètent de
fait les avertissements contenus dans celui de Munich. Dès à l’époque Vladimir
Poutine a parlé des dangers du monde unipolaire et de l’hégémonie d’un État et
d’un bloc militaire. À Valdaï, il n’a fait que constater que ses avertissements
ont pris corps : en Irak, en Syrie, en Libye et en Ukraine. Le chaos est
partout où touche Washington, a rappelé Vladimir Poutine :
« Demandons-nous à quel point nous sommes à l’aise avec tout cela, à quel point nous sommes en sécurité, combien nous sommes heureux de vivre dans ce monde, à quel degré de justice et de rationalité il est parvenu. Peut-être n’avons-nous pas de véritables raisons de nous inquiéter, de discuter et de poser des questions embarrassantes ? Peut-être que la position exceptionnelle des États-Unis et la façon dont ils mènent leur leadership est vraiment une bénédiction pour nous tous, et que leur ingérence dans les événements du monde entier apporte la paix, la prospérité, le progrès, la croissance et la démocratie, et nous devrions peut-être seulement nous détendre et profiter de tout cela ? Permettez-moi de dire que ce n’est pas le cas, absolument pas le cas. »
À
Sotchi Vladimir Poutine n’a pas parlé seulement et pas tellement de la Russie :
seul un homme sourd et aveugle pourrait interpréter ainsi le sens de son
discours. Il a parlé d’une grande transformation du monde, souligne le
professeur de l’Académie russe de la fonction publique Vladimir Stol qui trouve
que le président russe a exposé des faits tout à fait évidents : le monde
a sensiblement changé par rapport à ces 25 dernières années depuis la
disparition de l’URSS. Les États-Unis et leurs alliés de l’OTAN ont du mal à en
prendre conscience et à y renoncer, estime le professeur Stol :
« À l’heure actuelle, la Chine s’est renforcée sérieusement. On peut dire la même chose à propos de l’Inde et du Brésil. Mais de la Russie aussi. Parfois, il est très difficile non seulement dans la politique extérieure, mais aussi dans les relations habituelles de prendre conscience de la nécessité de consulter quelqu’un, de faire des compromis et de tenir compte de l’opinion d’autrui. Mais cette transformation devra être prise en considération ».
Le
parlementaire russe Dmitri Viatkine signale que Vladimir Poutine a fait état
des principes en formation d’une nouvelle structure de sécurité et de stabilité
mondiales. Un système politique multipolaire s’est déjà formé réellement dans
le monde :
« L’ordre mondial que les États-Unis tentent d’imposer à tout le monde ne peut plus exister. Les États-Unis ne parviennent plus à exécuter le rôle qu’ils ont assumé. Ils ne sont pas en mesure de gérer les processus qui revêtent un caractère de plus en plus chaotique. Ils ne sont pas en mesure d’assurer la sécurité du monde. Au contraire, leurs actions engendrent davantage de chaos. La Russie propose des moyens et méthodes raisonnables d’étouffer les conflits dans l’intérêt de tout le monde ».
Le
ministre des Affaires étrangères de Russie Sergueï Lavrov estime que dans le
dialogue avec Washington la Russie n’a qu’un seul obstacle : c’est
Washington lui-même. Les propositions des partenaires américains ne sont
orientées que sur leurs propres intérêts. Leur modèle de comportement envers la
Russie dédaigne toute convenance, estime Sergueï Lavrov :
« Ils ne parlent pas ouvertement du changement du régime. Bien que des marginaux en Europe le suggèrent. Mais, au fond, on nous demande de changer notre politique, nos approches. Ce serait une autre chose si on nous proposait de chercher quelque chose en commun. Mais on nous dit une tout autre chose : nous savons comment agir et vous devez le faire ».
Environ
ces 20 dernières années les États-Unis sont sous l’emprise des soi-disant
néoconservateurs pour lesquels il est difficile de parler à quelqu’un d’égal en
égal. Tandis que Vladimir Poutine a appelé au respect de l’opinion d’autrui,
note l’analyste du Centre d’études européennes Vladimir Olentchenko :
« Le diktat et l’impératif sont la façon de s’exprimer que d’aucuns s’obstinent à éterniser. C’est en quelque sorte un "féodalisme international" : gouverner les autres pays et leur imposer la façon de conduite dans des situations internationales concrètes. Ce groupe de personnes aux États-Unis et dans d’autres pays que nous appelons l’Occident voudrait maintenir le monde dans le cadre qu’il lui a fixé ».
Le président russe a mis en
évidence l’absurdité du monde unipolaire. Surtout sur fond de l’incapacité de
Washington d’utiliser raisonnablement l’influence qu’il a reçue après l’achèvement
de la guerre froide. À la question de savoir si son discours était un
réquisitoire contre les Américains ou une tentative de réconciliation, Vladimir
Poutine a répondu : « Ce n’est ni un réquisitoire ni une tentative de réconciliation.
C’est une invitation à travailler en commun ».
Source : La Voix de la Russie
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