Un article de "La Voix de la Russie"
Euronews, complice des néo-nazillons ukrainiens ?
24 octobre 2014
Françoise
Compoint
Les
médias attachés à la bien-pensance ont beau répéter comme une incantation que
la trêve en Ukraine est respectée, que seul Moscou doit s’appliquer à respecter
et faire respecter les accords de Minsk, la réalité n’en changera pas pour
autant. Et la réalité, elle est aussi simple que têtue : il n’y a jamais
eu de trêve et il n’y a rien à respecter. Il ne se passe un jour sans qu’une
dizaine de civils ne meurent sous les bombes, fait parmi tant d’autres,
terribles, voire indicibles, qu’Euronews a essayé d’occulter dans un reportage diffusé le 17 octobre.
Lorsque
certains de mes collègues du mainstream médiatique atlantiste voient ce qu’il
convient de voir, trouvant normal d’encourager le bataillon néo-bandériste Azov
dans ses agissements et de continuer à honorer la mémoire des victimes de
l’Holocauste, je me demande s’ils sont sains d’esprit, s’il s’agit d’une
illusion post-moderniste ou si, finalement, les puissances thalassocratiques
ressuscitent les idéologies les plus meurtrières pour parvenir à leurs fins. On
l’a vu en Syrie avec les bons et les mauvais islamistes. On le voit aujourd’hui
en Ukraine avec les bons néo-nazis ou les bons bandéristes et une
nazification-épouvantail absurde du FN en France à défaut de pouvoir trouver un
parti qui s’y prêterait davantage.
Sauf
que la vérité finit toujours par éclater. Un article publié le 21 octobre
par Libération le confirme une fois de plus en donnant (enfin !) la parole
à deux chirurgiens de Donetsk (cf. « Ukraine :
des chirurgiens confirment l’utilisation d’armes à sous-munitions »).
Il semblerait de même que les rapports de l’OSCE sur la découverte de charniers
dans les environs de Donetsk commencent à gagner une certaine partie du champ
médiatique validant ipso facto les rapports de juin sur le pilonnage au
phosphore blanc de Slaviansk. En effet, si un crime de guerre est banalisé,
l’ensemble des crimes de guerre imaginables le devient automatiquement.
La
façon dont la junte ukrainienne combat les "terroristes" du Donbass
met en évidence deux objectifs fondamentaux :
– Le génocide de la population russe et/ou russophone/russophile.
– La mise en application de ce qu’on appelle la politique de la terre brûlée qui explique le pilonnage des maisons, des hôpitaux et des écoles ainsi que, en accord avec l’objectif précédemment mentionné, le massacre non moins systématique des civiles.
Alors
qu’une offensive sans précédent contre Donetsk se prépare juste après les
élections à la Rada, Amnesty International revient sur ses récentes
dénonciations en disculpant Kiev, fidèle à la stratégie aussi manipulatrice que
suiviste qui est celle des médias tels qu’Euronews.
Cette
entrée en matière effectuée, je soumets à votre attention l’analyse d’Erwan Castel, créateur du groupe de réinformation "Soutien à la rébellion du
Donbass" et ancien officier de l’armée.
La Voix de la Russie. Euronews a diffusé le 17 octobre un reportage dénaturant la genèse et l’évolution des évènements qui ont lieu à Donetsk ces derniers mois. Croyez-vous que cette forme de propagande soit encore efficace, que le public y est toujours aussi sensible qu’il l’était au début du conflit ?
Erwan
Castel. Concernant la
propagande médiatique que vous venez de mentionner : il y a eu un
reportage vidéo diffusé un peu partout par Euronews et qui, étant complètement
hallucinant, mériterait bien qu’on s’y intéresse parce qu’il s’agit d’une
technique de propagande qui est en effet efficace. Il est donc à craindre que
ce type de mensonge porte ses fruits. Pourquoi ?
À mon avis, il faut
distinguer différentes actions dans la propagande médiatique.
D’une part,
l’officialisation des messages véhiculés. Je pense entre autres à Mme Psaki
au niveau des USA, aux porte-paroles de différents gouvernements ou aux
représentants de l’UE. Ceux-ci sont identifiés comme étant parties prenantes.
Si même le public écoute ce type d’information, il la sait partiale.
Par contre, on a des médias
qui se veulent indépendants et respectueux d’une certaine déontologie ce qui
devrait leur conférer des traits de probité. Profitant de cette image illusoire
et sous couvert de neutralité, ils transmettent des messages autrement plus
insidieux. En l’occurrence, à travers le reportage d’Euronews, on a l’exemple
d’une propagande qui s’aventure même au-delà de la version officielle des
néoconservateurs et de leurs laquais de l’UE. Michel Collon [journaliste,
essayiste et fondateur du Collectif indépendant Investig’Action, NDLR] avait
très bien analysé les médias-mensonges il y a quelque temps. Il avait dénoncé
les cinq principes sur lesquels ces derniers fondent leur travail et qui
consistent à cacher ses intérêts,
diaboliser l’ennemi, se victimiser, ignorer l’Histoire et monopoliser
l’information. Mais à ce stade, nous en sommes venus à quelque chose de
proprement abject dans la mesure où on voit un reportage qui rappelle un peu
les films américains mettant en scène d’un côté le bon flic et de l’autre le
mauvais flic. Dans le cas présent, en reprenant cette image, on se prend des
coups par les porte-paroles officiels ce qui explique pourquoi l’opinion publique prête plus d’attention
aux médias qui donnent une apparence de neutralité. Le reportage d’Euronews
propose une sémantique qui conduit progressivement à cautionner une prise de
position ultra-radicale et anti-démocratique puisque l’émission est ponctuée
par l’intervention d’un officier du bataillon Azov selon lequel « l’État
ukrainien sera indépendant et probablement non-démocratique ». On relève
donc une insinuation visant à soutenir un gouvernement que certains qualifient
de néo-nazi et que je dirais dictatorial.
LVdlR. Est-ce que les rapports de l’ONU et de l’OSCE font concurrence au scénario décrit par les médias loyalistes ou sont-ils totalement ignorés ?
Erwan
Castel. Là encore, la
situation à laquelle nous sommes confrontés est pour le peu hallucinante. On se
souvient de cette affaire des bombardements chimiques d’Assad sur la population
avec un matraquage médiatique accusatoire étalé sur 2-3 mois. Au bout du
compte, l’enquête qui a eu lieu pour identifier les responsables des
bombardements a été entièrement passée sous silence. L’histoire s’est à peu
près répétée avec le crash du Boeing MH17 en Ukraine. Depuis, on a de plus
en plus de rapports alarmants et accusatoires apportant des preuves tangibles
de l’implication de l’armée ukrainienne et en particulier des bataillons
spéciaux dans des crimes de masse, des crimes organisés contre, pour
l’essentiel, des civils qui sont massacrés, violés, torturés, enterrés dans des
charniers, etc. Or, ces témoignages d’officiers de l’ONU, de l’OSCE, de
l’Observatoire mondial des droits de l’homme, etc. sont complètement passés
sous silence. Par conséquent, on est en plein dans le domaine du mensonge par omission ce que je trouve
particulièrement inquiétant. On a
actuellement à Paris un organisme qui est une version cachée du gouvernement
ukrainien et qui a organisé avant-hier une réunion de soutien aux volontaires
des bataillons spéciaux qui se battent dans le Donbass. Or, ce sont précisément
ces bataillons spéciaux qui sont montrés du doigt par les organisations
précitées.
On s’applique donc d’une
part à ignorer les rapports officiels des organismes agréés et d’autre part,
par l’intermédiaire des médias occidentaux, on va mettre en place des réunions
d’information (enfin, de désinformation, dirais-je) pour essayer de créer des
écrans de fumée et de détourner l’attention du public.
LVdlR. Croyez-vous que la troisième voie néo-nazie ou le "virus nazi" pour reprendre l’expression de Poutine a un certain avenir en Europe ou alors il ne s’agit que d’un phénomène marginal et surtout éphémère qui a vocation à s’éteindre dès lors que l’Ukraine aura à affronter l’hiver ?
Erwan
Castel. Il
faut faire attention à la sémantique. On dénonce à juste titre en Ukraine la
résurgence de l’idéologie bandériste que l’on peut, il est vrai, associer au
terme générique de nazi ou de néo-nazi. Je pense qu’il conviendrait d’enlever
le terme "nazi" dans la mesure où il nous enferme dans une idéologie
appartenant au passé. Le terme néo-nazi est plus juste, il sous-entend une
évolution de cette idéologie et des valeurs qu’elle véhicule (valeurs dans le
sens médiatique du terme). Il faut comprendre que le système occidental est en train de nous préparer à accepter ce type
de gouvernement que l’on essaye de faire passer pour un régime autoritaire
et fort.
C’est bien le chaos
orchestré et aujourd’hui régnant dans les zones à soumettre qui nous fait
passer la pilule d’une loi martiale éventuelle. Quand je mentionne l’exemple du
chaos, je pense entre autres au tremblement de terre d’Haïti qui a entraîné la
mise en place de mesures de lois martiales pour essayer d’apporter une
solution. Mais il arrive aussi, bien souvent, que ce chaos soit provoqué et
entraîne une décision qui paraît logique aux yeux de l’opinion publique comme
c’est le cas en Syrie ou en Irak. On crée un chaos indescriptible, plus ou
moins bien contrôlé, suite à quoi on présente les gouvernements dictatoriaux
comme étant excessivement autoritaires, fascistes, nazis, enfin, coupables de
tous les péchés du monde et bons à être renversés.
Pour ce qui est de l’Europe,
j’estime qu’on voit arriver à travers différents discours bon nombre de
spéculations, à savoir sur les votes – pensons par exemple au référendum en Écosse
– un contrôle total sur l’opinion publique. Progressivement, avec différentes déclinaisons, ce constat nous amène à
nous inquiéter sur l’identité et les convictions de ceux qui vont nous
gouverner dans quelque temps ».
Source : La Voix de laRussie
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