samedi 25 octobre 2014

Opinions - de la complicité des médias occidentaux

Un article de "La Voix de la Russie"

Euronews, complice des néo-nazillons ukrainiens ?


24 octobre 2014
Françoise Compoint

Les médias attachés à la bien-pensance ont beau répéter comme une incantation que la trêve en Ukraine est respectée, que seul Moscou doit s’appliquer à respecter et faire respecter les accords de Minsk, la réalité n’en changera pas pour autant. Et la réalité, elle est aussi simple que têtue : il n’y a jamais eu de trêve et il n’y a rien à respecter. Il ne se passe un jour sans qu’une dizaine de civils ne meurent sous les bombes, fait parmi tant d’autres, terribles, voire indicibles, qu’Euronews a essayé d’occulter dans un reportage diffusé le 17 octobre.

Lorsque certains de mes collègues du mainstream médiatique atlantiste voient ce qu’il convient de voir, trouvant normal d’encourager le bataillon néo-bandériste Azov dans ses agissements et de continuer à honorer la mémoire des victimes de l’Holocauste, je me demande s’ils sont sains d’esprit, s’il s’agit d’une illusion post-moderniste ou si, finalement, les puissances thalassocratiques ressuscitent les idéologies les plus meurtrières pour parvenir à leurs fins. On l’a vu en Syrie avec les bons et les mauvais islamistes. On le voit aujourd’hui en Ukraine avec les bons néo-nazis ou les bons bandéristes et une nazification-épouvantail absurde du FN en France à défaut de pouvoir trouver un parti qui s’y prêterait davantage.


Sauf que la vérité finit toujours par éclater. Un article publié le 21 octobre par Libération le confirme une fois de plus en donnant (enfin !) la parole à deux chirurgiens de Donetsk (cf. « Ukraine : des chirurgiens confirment l’utilisation d’armes à sous-munitions »). Il semblerait de même que les rapports de l’OSCE sur la découverte de charniers dans les environs de Donetsk commencent à gagner une certaine partie du champ médiatique validant ipso facto les rapports de juin sur le pilonnage au phosphore blanc de Slaviansk. En effet, si un crime de guerre est banalisé, l’ensemble des crimes de guerre imaginables le devient automatiquement.

La façon dont la junte ukrainienne combat les "terroristes" du Donbass met en évidence deux objectifs fondamentaux :
– Le génocide de la population russe et/ou russophone/russophile.
– La mise en application de ce qu’on appelle la politique de la terre brûlée qui explique le pilonnage des maisons, des hôpitaux et des écoles ainsi que, en accord avec l’objectif précédemment mentionné, le massacre non moins systématique des civiles.

Alors qu’une offensive sans précédent contre Donetsk se prépare juste après les élections à la Rada, Amnesty International revient sur ses récentes dénonciations en disculpant Kiev, fidèle à la stratégie aussi manipulatrice que suiviste qui est celle des médias tels qu’Euronews.

Cette entrée en matière effectuée, je soumets à votre attention l’analyse d’Erwan Castel, créateur du groupe de réinformation "Soutien à la rébellion du Donbass" et ancien officier de l’armée.
La Voix de la Russie. Euronews a diffusé le 17 octobre un reportage dénaturant la genèse et l’évolution des évènements qui ont lieu à Donetsk ces derniers mois. Croyez-vous que cette forme de propagande soit encore efficace, que le public y est toujours aussi sensible qu’il l’était au début du conflit ?

Erwan Castel. Concernant la propagande médiatique que vous venez de mentionner : il y a eu un reportage vidéo diffusé un peu partout par Euronews et qui, étant complètement hallucinant, mériterait bien qu’on s’y intéresse parce qu’il s’agit d’une technique de propagande qui est en effet efficace. Il est donc à craindre que ce type de mensonge porte ses fruits. Pourquoi ?

À mon avis, il faut distinguer différentes actions dans la propagande médiatique.

D’une part, l’officialisation des messages véhiculés. Je pense entre autres à Mme Psaki au niveau des USA, aux porte-paroles de différents gouvernements ou aux représentants de l’UE. Ceux-ci sont identifiés comme étant parties prenantes. Si même le public écoute ce type d’information, il la sait partiale.

Par contre, on a des médias qui se veulent indépendants et respectueux d’une certaine déontologie ce qui devrait leur conférer des traits de probité. Profitant de cette image illusoire et sous couvert de neutralité, ils transmettent des messages autrement plus insidieux. En l’occurrence, à travers le reportage d’Euronews, on a l’exemple d’une propagande qui s’aventure même au-delà de la version officielle des néoconservateurs et de leurs laquais de l’UE. Michel Collon [journaliste, essayiste et fondateur du Collectif indépendant Investig’Action, NDLR] avait très bien analysé les médias-mensonges il y a quelque temps. Il avait dénoncé les cinq principes sur lesquels ces derniers fondent leur travail et qui consistent à cacher ses intérêts, diaboliser l’ennemi, se victimiser, ignorer l’Histoire et monopoliser l’information. Mais à ce stade, nous en sommes venus à quelque chose de proprement abject dans la mesure où on voit un reportage qui rappelle un peu les films américains mettant en scène d’un côté le bon flic et de l’autre le mauvais flic. Dans le cas présent, en reprenant cette image, on se prend des coups par les porte-paroles officiels ce qui explique pourquoi l’opinion publique prête plus d’attention aux médias qui donnent une apparence de neutralité. Le reportage d’Euronews propose une sémantique qui conduit progressivement à cautionner une prise de position ultra-radicale et anti-démocratique puisque l’émission est ponctuée par l’intervention d’un officier du bataillon Azov selon lequel « l’État ukrainien sera indépendant et probablement non-démocratique ». On relève donc une insinuation visant à soutenir un gouvernement que certains qualifient de néo-nazi et que je dirais dictatorial.
LVdlR. Est-ce que les rapports de l’ONU et de l’OSCE font concurrence au scénario décrit par les médias loyalistes ou sont-ils totalement ignorés ?

Erwan Castel. Là encore, la situation à laquelle nous sommes confrontés est pour le peu hallucinante. On se souvient de cette affaire des bombardements chimiques d’Assad sur la population avec un matraquage médiatique accusatoire étalé sur 2-3 mois. Au bout du compte, l’enquête qui a eu lieu pour identifier les responsables des bombardements a été entièrement passée sous silence. L’histoire s’est à peu près répétée avec le crash du Boeing MH17 en Ukraine. Depuis, on a de plus en plus de rapports alarmants et accusatoires apportant des preuves tangibles de l’implication de l’armée ukrainienne et en particulier des bataillons spéciaux dans des crimes de masse, des crimes organisés contre, pour l’essentiel, des civils qui sont massacrés, violés, torturés, enterrés dans des charniers, etc. Or, ces témoignages d’officiers de l’ONU, de l’OSCE, de l’Observatoire mondial des droits de l’homme, etc. sont complètement passés sous silence. Par conséquent, on est en plein dans le domaine du mensonge par omission ce que je trouve particulièrement inquiétant. On a actuellement à Paris un organisme qui est une version cachée du gouvernement ukrainien et qui a organisé avant-hier une réunion de soutien aux volontaires des bataillons spéciaux qui se battent dans le Donbass. Or, ce sont précisément ces bataillons spéciaux qui sont montrés du doigt par les organisations précitées.

On s’applique donc d’une part à ignorer les rapports officiels des organismes agréés et d’autre part, par l’intermédiaire des médias occidentaux, on va mettre en place des réunions d’information (enfin, de désinformation, dirais-je) pour essayer de créer des écrans de fumée et de détourner l’attention du public.
LVdlR. Croyez-vous que la troisième voie néo-nazie ou le "virus nazi" pour reprendre l’expression de Poutine a un certain avenir en Europe ou alors il ne s’agit que d’un phénomène marginal et surtout éphémère qui a vocation à s’éteindre dès lors que l’Ukraine aura à affronter l’hiver ?

Erwan Castel. Il faut faire attention à la sémantique. On dénonce à juste titre en Ukraine la résurgence de l’idéologie bandériste que l’on peut, il est vrai, associer au terme générique de nazi ou de néo-nazi. Je pense qu’il conviendrait d’enlever le terme "nazi" dans la mesure où il nous enferme dans une idéologie appartenant au passé. Le terme néo-nazi est plus juste, il sous-entend une évolution de cette idéologie et des valeurs qu’elle véhicule (valeurs dans le sens médiatique du terme). Il faut comprendre que le système occidental est en train de nous préparer à accepter ce type de gouvernement que l’on essaye de faire passer pour un régime autoritaire et fort.

C’est bien le chaos orchestré et aujourd’hui régnant dans les zones à soumettre qui nous fait passer la pilule d’une loi martiale éventuelle. Quand je mentionne l’exemple du chaos, je pense entre autres au tremblement de terre d’Haïti qui a entraîné la mise en place de mesures de lois martiales pour essayer d’apporter une solution. Mais il arrive aussi, bien souvent, que ce chaos soit provoqué et entraîne une décision qui paraît logique aux yeux de l’opinion publique comme c’est le cas en Syrie ou en Irak. On crée un chaos indescriptible, plus ou moins bien contrôlé, suite à quoi on présente les gouvernements dictatoriaux comme étant excessivement autoritaires, fascistes, nazis, enfin, coupables de tous les péchés du monde et bons à être renversés.

Pour ce qui est de l’Europe, j’estime qu’on voit arriver à travers différents discours bon nombre de spéculations, à savoir sur les votes – pensons par exemple au référendum en Écosse – un contrôle total sur l’opinion publique. Progressivement, avec différentes déclinaisons, ce constat nous amène à nous inquiéter sur l’identité et les convictions de ceux qui vont nous gouverner dans quelque temps ».

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