Le Congrès des États-Unis adopte une résolution digne d’une "nouvelle" Guerre froide
6 décembre 2014
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Les
États-Unis ont réagi immédiatement au message du président russe Vladimir
Poutine à l’Assemblée fédérale avec un commentaire du Département d’État
américain et la résolution antirusse 758 de la Chambre des représentants
du Congrès américain.
Le
document donne une caractéristique inacceptable de la Russie, lui accordant le
rôle d’agresseur, et étudie un certain nombre de mesures visant à affaiblir la
Russie par des moyens politiques, économiques et militaires. Cette résolution,
soumise par la Chambre des représentants, est qualifiée par les experts de
mélange de mythes géopolitiques et des vieilles rancunes des États-Unis envers
la Russie.
Ce
document « contient 16 pages de
propagande de la guerre », écrit sur sa page Facebook le membre du
Congrès, et directeur de l’Institut de pour la paix et la prospérité (Institute
for Peace and Prosperity) Ron Paul. Il examine en détail les différents
paragraphes du document, en expliquant que les accusations contre la Russie
qu’ils contiennent sont sans fondement et ne correspondent pas à la réalité.
Par
exemple, le paragraphe 3 de la résolution
accuse la Russie d’envahir l’Ukraine et la condamne de violer la souveraineté
de cet État. « Avec nos satellites
sophistiqués, qui peuvent lire de l’espace une plaque immatriculation, nous
aurions pu avoir des vidéos et des photos de cette invasion russe »,
ironise Ron Paul.
« Quant à la "violation de la souveraineté", les États-Unis n’ont-ils pas eu ce rôle dans le renversement du gouvernement légitimement élu de l’Ukraine ? », s’interroge-t-il. « Nous avons tous entendu comment la secrétaire d’État adjointe des États-Unis, Victoria Nuland, se vantait que les États-Unis ont dépensé 5 milliards de dollars pour un changement de régime en Ukraine », ajoute l’expert.
Le paragraphe 14 de la résolution affirme que
l’avion Boeing malaisien, qui s’est écrasé en juillet dernier en Ukraine, était
abattu par un missile tiré par des "membres de la milice pro-russe".
Cependant, le rapport officiel de l’enquête sur cette tragédie ne sera présenté
que l’année prochaine. Quant au rapport d’enquête préliminaire, il ne contient
pas de conclusion que l’avion a été abattu par un missile et aucun des côtés
n’est blâmé pour cette catastrophe, rappelle le directeur de l’Institut pour la
paix et la prospérité.
Le paragraphe 22 fait valoir que la Russie a
envahi la Géorgie en 2008. Mais l’enquête de l’Union européenne a démontré que
c’est bien la Géorgie qui a entamé des opérations militaires sans fondement
contre la Russie, et non pas l’inverse, souligne Ron Paul, supposant que les
membres du Congrès n’ont sans doute pas lu la résolution avant de voter.
Selon
Ron Paul, certains passages de la résolution semblent
comiques, surtout la partie où les États-Unis accusent la Russie « d’acquisition illégale d’informations »
sur le gouvernement américain, et ce, après les révélations d’Edward Snowden
sur l’espionnage américain à l’échelle planétaire.
Le
vice-président du parti politique tchèque Démocratie populaire (ND) Ladislav
Zemanek estime que « la résolution
contre la Russie, approuvée par le Congrès, n’est qu’un triste témoignage du
point où en sont arrivés les États-Unis, qui, il fût un temps, auraient pu être
un modèle de liberté et de démocratie. C’est une illustration supplémentaire de
l’immense fardeau idéologique de la politique américaine, sous la pression
duquel cette politique ne correspond plus du tout à la réalité, n’étant qu’une
manifestation de l’orgueil, de l’arrogance, de l’insatiabilité et de
l’agressivité des cercles dirigeants des États-Unis et des groupes sociaux liés
avec eux ».
La
résolution 758 exige de la Russie d’arrêter de s’immiscer dans les
affaires intérieures de l’Ukraine. Mais pour l’instant, ce sont les États-Unis
et l’Union européenne qui s’immiscent dans la politique intérieure de
l’Ukraine, souligne l’homme politique tchèque. Les Américains exigent le
désarmement des soi-disant séparatistes, posant cela comme une condition sine
qua non de la paix en Ukraine. Peut-être que la paix aurait bien pu
s’installer, mais elle serait précédée d’un génocide de la population locale,
opposée aux autorités de Kiev, ajoute Ladislav Zemanek.
C’est
évident que les Américains tentent d’isoler la Russie, l’affaiblir et créer une
situation instable à l’intérieur du pays, ce qui aurait pu conduire à un
changement de gouvernement. L’élimination de la Russie – c’est un vieil
objectif géopolitique des pays occidentaux, poursuit l’homme politique. L’un
des derniers points du document, soulignant que des relations entre les États-Unis
et la Russie doivent être mutuellement bénéfiques et basées sur le respect de
l’indépendance et de la souveraineté de tous les pays, semble ridicule à
Ladislav Zemanek. Les événements du dernier quart de siècle montrent que le
gouvernement américain a systématiquement ignoré ces principes, et après l’effondrement
de l’URSS, les États-Unis ont décidé de s’emparer du contrôle du monde entier
en lui inculquant leurs "pseudo-valeurs". « Non, merci. Nous suivrons notre propre chemin »,
conclut l’homme politique tchèque.
Le
politologue serbe Srdzha Trifkovic, rédacteur du service de la politique
étrangère au magazine américain Chronicles n’est pas d’accord que cette
résolution est une déclaration ou une formalisation d’une nouvelle "Guerre froide".
Selon lui, cette guerre n’a jamais cessé. Elle s’est poursuivie avec
la première phase d’élargissement de l’OTAN à l’Est, puis avec la deuxième
phase de cet élargissement. Selon Trifkovic, ce jeu géopolitique a pour
objectif d’encercler la Russie par des "États ennemis", créés sur les
ruines de l’URSS, pour changer ensuite le régime à Moscou.
Source :
La
Voix de la Russie
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