Grande interview de Vladimir Poutine
24-11-2014
À propos
du fait que les ennemis n’auront pas le plaisir d’apprendre de mauvaises
nouvelles sur la santé du président russe, à propos de la cinquième colonne, des
manigances autour du prix du pétrole et bien d’autres choses dont Vladimir
Poutine a parlé dans le cadre d’un projet spécial de TASS "Premières
personnes". Nous publions une synthèse des points clés de la conversation
et de la vidéo.
À propos
de la cote de popularité. (...) Si on se fait une obsession de ces chiffres,
il serait impossible de travailler. La pire des choses – c’est devenir l’otage
des pensées permanentes sur la cote de popularité. Dès que vous commencez à
agir ainsi, vous perdez immédiatement. Au lieu de vous consacrer à une cause réelle,
d’aller de l’avant sans craindre de faire un faux pas, vous cessez de faire quelque
chose dans le souci de votre cote. Et vous chutez aussitôt.
Inversement,
si vous pensez à l’essentiel, aux résultats et aux intérêts des gens, alors,
même l’erreur n’est pas si terrible. Vous pouvez en parler directement, et reconnaître
vos erreurs. Et, vous savez, cela n’aura pas d’impact particulier sur la cote,
les gens vont parfaitement comprendre les véritables intentions, la franchise
et l’honnêteté, et surtout, le dialogue franc.
À propos
de l’amour pour la Patrie. J’ai déjà dit que je me sens comme une partie de
la Russie. Non seulement je l’aime – probablement tout le monde peut s’exprimer
à propos de l’amour pour la Patrie, nous l’aimons tous – mais je me sens
vraiment comme une partie du peuple et je ne peux imaginer une seconde comment
vivre en dehors de la Russie.
À propos
des opposants. Il est impossible de transformer tout le monde en
alliés, il ne faut pas essayer. Au contraire, c’est très bien quand il y en a
qui doutent ! Mais ils devraient proposer des solutions constructives. Alors
quand on a affaire à de tels opposants, ils sont très utiles. Mais il y en a d’autres
qui prônent "la politique du pire". Hélas, cela est également inévitable.
Vous
savez, dès que l’État s’affaiblit sur des paramètres clés, aussitôt
apparaissent des forces centrifuges qui le dépècent. C’est comme dans le corps :
il suffit que le système immunitaire fléchisse un peu – et voilà la grippe. Ils
sont à l’intérieur ces virus, ces bactéries ils y sont tout le temps. Mais
quand le corps est solide, avec votre immunité vous inhibez toujours la grippe.
Il faut faire du sport !
À propos
des agents étrangers. Aucun État se respectant ne permet que l’argent
étranger soit utilisé à l’intérieur du pays pour une lutte politique. Essayez
de le faire quelque part aux États-Unis – vous vous retrouverez tout de suite
derrière les barreaux. Là-bas, les organismes d’État sont beaucoup plus sévères
que chez nous. En apparence, tout est décent, démocratique, mais dès qu’on en
vient réellement à ces positions – vous n’aurez aucune chance !
Nous ne
pouvons pas créer des conditions pour que les pays étrangers nous rendent plus
faibles, qu’ils nous soumettent à leur propre volonté et qu’ils espèrent de
faire pression de l’intérieur, en influençant notre politique à leur avantage.
On a fait
pression sur nous – et nous sommes d’accord pour la Syrie, pour le programme
nucléaire iranien, pour le règlement des problèmes du Proche-Orient, nous avons
même réduit les programmes de notre propre politique de défense.
C’est
pour cela que ces outils et l’argent sont utilisés...
À propos
de la télévision. Sommes-nous un pays où les chaînes fédérales
devraient exclusivement faire de l’argent et de réfléchir au prix de la minute
de temps publicitaire, donc du matin au soir, il faut tourner des soi-disant "défectives" ?
(contraction de "détective-défectif" – NDT)
Et tout ce
qui est positif, éducatif, donnant les normes de la perception fondamentale, philosophique
et esthétique du monde, les montrer uniquement sur la chaîne "Culture" ?
Probablement que non, n’est-ce pas ?
À propos
de la monarchie. Chez nous, heureusement ou malheureusement, je ne
vais pas maintenant donner d’avis, cette étape est terminée, la page de la
monarchie est tournée dans l’histoire du pays.
À propos
des plans pour 2018. Oui, il y a une possibilité de ma nouvelle candidature.
La Constitution le permet, mais cela ne signifie pas automatiquement que je prendrai
une telle décision. Je partirai du contexte général, de la compréhension
interne, de mon état d’esprit. Est-ce que cette occasion de se présenter sera
réalisée, je ne sais pas encore.
À propos
des monuments à Poutine. Il est encore trop tôt pour s’ériger des monuments
les uns aux autres. J’entends parler également de moi. Nous devons encore
travailler, et les générations futures apprécieront la contribution de chacun
au développement de la Russie.
À propos
des relations avec l’Occident. Dès que la Russie se relève, se renforce et
revendique le droit de défendre ses intérêts à l’extérieur, l’attitude envers l’État
lui-même et ses dirigeants changent aussitôt. Rappelez-vous ce qui est arrivé à
Boris Nikolaïevitch (Eltsine, NDT).
À la
première étape, dans le monde, on réagissait bien à tout. Quoi qu’Eltsine fasse,
l’Occident accueillait tout en applaudissant. Dès qu’il a élevé sa voix pour la
défense de la Yougoslavie, à l’instant même, il s’est transformé aux yeux des
Occidentaux en un alcoolique, en homme disparate. Tout à coup, le monde entier
a appris que Boris Nikolaïevitch avait un petit faible pour la boisson.
Est-ce qu’avant
c’était un secret ? Non, mais cela n’a pas empêché ses contacts avec le
monde extérieur. Dès qu’il en est venu à la défense des intérêts russes dans
les Balkans, dont Eltsine a parlé sans ambiguïté, il est devenu presque l’ennemi
de l’Occident. C’est la réalité, cela s’est produit très récemment.
À propos
des doubles standards. Aujourd’hui, nous parlons des événements en
Ukraine, et nos partenaires répètent sans cesse de la nécessité de respecter l’intégrité
territoriale du pays. Ils prétendent que tous ceux qui se battent pour leurs
droits et intérêts dans l’est de l’Ukraine – ce sont des séparatistes
prorusses.
Et ceux
qui combattaient contre nous dans le Caucase, y compris sous la direction d’"Al-Qaïda",
à ses frais et avec ses armes, et même les membres d’"Al-Qaïda" qui participaient
directement aux hostilités, ceux-là étaient des militants de la démocratie. C’est
incroyable, mais c’est un fait !
À cette
époque, on nous parlait de l’usage disproportionné de la force. À ce qu’on dit,
comment est-ce possible que vous tiriez avec des chars, utilisiez de l’artillerie.
C’est défendu, c’est défendu !
Et en
Ukraine ? Et les avions, les chars et l’artillerie lourde et les lance-roquettes
multiples. Et en plus, les bombes à fragmentation, et – cela vous rend fou !
– les missiles balistiques !
Et dans ce cas, tout le monde est silencieux à propos d’un usage disproportionné de la force.
À propos des
Ukrainiens. Bien sûr que le peuple ukrainien a sa culture propre,
sa langue, sa singularité, une sonorité unique et, à mon avis, merveilleuse,
très belle. Très récemment, un collègue m’a montré des documents de 1924. Il
était marqué dans un passeport "citoyen
de la Grande Russie". Et les Ukrainiens d’aujourd’hui sont inscrits
comme "citoyen de la Petite Russie".
Il n’y avait même pas de différence, en fait !
On nous
dit : pourquoi vous mettez toujours
en avant l’idée du monde russe, peut-être que les gens ne veulent pas vivre
dans votre monde ? Mais personne ne l’impose. Cependant, cela ne
signifie pas qu’il n’existe pas !
Quand je
parle avec les gens de la Crimée, par exemple, ou bien même, de l’Ukraine, je
demande : « Quelle est votre
nationalité ? » Certains disent : « Nous ne faisons même pas de différence ». Mais, si la
Russie commence à en parler, à protéger les gens et leurs intérêts, tout de
suite elle devient mauvaise. Pensez-vous qu’il s’agit de notre position sur l’Est
de l’Ukraine ou de la Crimée ? Absolument pas ! Si ce n’était pas
cela, on aurait trouvé une autre raison. Et il en a toujours été ainsi.
À propos
de la géopolitique. Regardez notre histoire millénaire. Dès qu’on se
relève, aussitôt il est nécessaire de pousser la Russie, la remettre à sa
place, la ralentir. La théorie de la dissuasion, depuis combien d’années existe-t-elle ?
Il semble qu’elle est apparue à l’époque soviétique, bien qu’elle ait des centaines
d’années. Mais nous ne devons pas augmenter la pression ni dramatiser. Il faut
comprendre : le monde est ainsi fait.
C’est une lutte pour les intérêts géopolitiques, et derrière eux – il y a l’importance
du pays et sa capacité de générer une nouvelle économie, de résoudre les
problèmes sociaux et d’améliorer le niveau de vie des citoyens.
À propos
de la compétition avec l’Occident. Nous n’avons pas besoin de rivaliser. Nous n’avons
tout simplement pas besoin de rivaliser ! Il faut calmement réaliser son
ordre du jour...
(...)
Ceux qui tentent de rivaliser avec nous sont à contresens. Nous sommes dans notre
file et à une vitesse définie... Si tout est fait correctement, on n’aura pas
besoin de s’agiter.
À propos
de l’économie et des sanctions. La Russie a sa propre base pour substituer les
importations. Dieu merci, nous avons beaucoup hérité des générations
précédentes, et au cours de la dernière décennie et demie, nous avons fait beaucoup
pour moderniser l’industrie. Est-ce que les sanctions nous infligent des dommages ?
En partie. Mais pas fatals.
Si la
baisse des prix des ressources énergétiques se fait délibérément, elle frappe
également ceux qui introduisent ces restrictions.
Le monde
moderne est interdépendant. Et il n’est pas dit que les sanctions, la forte
baisse des prix du pétrole, la dépréciation de la monnaie nationale mèneront à
des résultats négatifs ou à des conséquences catastrophiques exclusivement pour
nous. Rien de tel n’arrivera !
À propos
de la corruption et de la privatisation. Je pense que c’est l’un des problèmes les plus
importants que nous avons hérité du passé. Lorsque l’administration de tous les
niveaux pensait qu’elle pouvait tout faire, en ayant le droit de le faire, et que
personne n’était libre d’empiéter sur son autorité et de la contrôler de
quelque façon qui soit. Puis il s’est ajouté un fait qui a empiré les choses – la
privatisation opaque. C’était horrible, une énorme erreur ! Avec le recul,
nous sommes tous intelligents. Peut-être que ceux qui avaient pris la décision à
l’époque, maintenant, auraient agi autrement. Par ailleurs, même dans les années 90,
les Européens disaient : il ne faut
pas écouter les experts américains. Mais nous avons choisi cette voie...
La privatisation
opaque a conduit au fait que les gens pensaient : bon, si les uns peuvent voler des milliards à l’État, alors, pourquoi
ne pouvons-nous pas voler quelque chose de moins coûteux ? Pourquoi aux
uns c’est permis, mais pas aux autres ?!
À propos
de la lutte contre la corruption. Pour ce faire, d’ailleurs, sur la plate-forme du
Front populaire russe, nous avons créé le contrôle social. Il est fort
efficace.
À propos
des "amis de Poutine". Les Américains ont commis une erreur système et c’est
très agréable pour moi... Ils se sont basés sur une fausse prémisse, que j’ai
des intérêts commerciaux personnels en raison des relations avec les personnes portées
sur la liste. En les lésant, c’était comme si les Américains m’assenaient un
coup. Cela ne correspond absolument pas à la réalité.
Je pense
que nous avons mis dans une large mesure un terme à ladite oligarchie. Après
tout, qu’est-ce que c’est ? L’argent qui influence le pouvoir. En Russie, je
peux vous le dire avec certitude, il n’y a pas de telle situation.
À propos
de la "révolte sur le navire" (...) On dit : « Voilà, ce sont les amis de Poutine, il faut les punir, ils vont
se soulever, il y aura une révolte sur le navire ». Rien de tout cela
n’arrivera.
(...)
Nous avons un pays consolidé. Malgré l’existence d’une opposition naturelle, des
gens qui n’acceptent pas ce que nous faisons, la société est consolidée. Je
vous assure que cela déplait fortement à l’Occident. Et la tentative de punir
mes amis, que je ne compte pas abandonner, est dictée par le désir de déchirer
les élites, et puis, probablement, la société.
À propos
de ses filles. Elles vivent à Moscou. Nous nous rencontrons à la
maison.
À propos
des camarades de classe. J’essaie de rester en contact avec les camarades
de ma promotion d’université... Ce sont des gens ordinaires. Pour la plupart, travaillant
dans les services d’ordre, au ministère de l’Intérieur, au ministère public, aux
barreaux, à l’administration publique.
À propos
du style de communication avec les gens. J’essaie de m’appuyer sur la perception
personnelle, pour moi le contact direct et la communication sont très
importants. Et souvent, ma perception est en contradiction avec ce que je
reçois sous forme de documents officiels. Je me base sur mes propres impressions
de la personne, et non pas sur les papiers.
À propos
de la solitude. Malgré tout, je ne me sens pas seul. Même si cela
semble étrange. Je n’ai peut-être pas beaucoup de relations et de contacts,
même avec des gens qui sont considérés comme mes amis, et qui sont sous les
sanctions. C’est vrai.
Mais la
solitude, à mon avis, c’est autre chose, ce n’est pas le manque de possibilités
de rentrer en contact avec les autres, mais c’est un état d’esprit. Et moi, je n’ai
pas ce sentiment de solitude dans mon cœur.
À propos
des gens avec leur propre opinion. Il y a des gens indépendants, avec leur propre avis.
Je les apprécie, ils peuvent dire : « Je
pense que vous avez tort, Vladimir Vladimirovitch ».
À propos
d’où est la force. La force
est dans la vérité.
Quand l’homme russe sent son équité, il est invincible.Je le dis en toute sincérité, et non pas pour le plaisir de dire un bon mot.
Maintenant,
si nous avions senti que quelque part, nous avions, excusez-moi, "em-merdé",
que nous avions agi injustement, alors, tout chez nous serait suspendu à un fil.
Lorsqu’il n’y a pas d’intime conviction de la justesse, cela conduit toujours à
des flottements, et ils sont dangereux.
À propos
de la natalité. Les collègues du Bloc Libéral de l’économie de
marché nous disaient : « En aucun cas, il ne faut faire passer le
programme du "Capital Maternel" (une forme de soutien aux familles élevant
deux enfants et plus qui a beaucoup contribué à la croissance de la natalité en
Russie ; la mesure introduite par M. Poutine en 2007, le montant de
l’Aide aux familles était de 250 000 roubles [équivalent de 7 200 €],
en 2014, il s’élève à 450 000 roubles [équivalent de 8 500 €] !!!,
on ne comprend toujours pas pourquoi les Russes font confiance à leur "dictateur" – NDT) ». On a essayé de me persuader personnellement de
nombreuses fois : « C’est comme
jeter l’argent dans "un trou noir". Impossible de compter ! »
Et, ils disaient qu’il n’aurait pas de résultat. Le programme ne simulerait pas
le taux de natalité dans le pays.
Ils
citaient les exemples de certains pays occidentaux, où on paye d’importantes
allocations familiales pour la naissance d’un enfant, mais tout y est inutile. J’ai
écouté les arguments "pour" et "contre", et puis je suis
venu à la conclusion que nous avons une situation différente.
Nous
devons donner à notre peuple un autre horizon de la planification de la famille.
En Europe, la vie est qualitativement différente. En Russie, l’un des obstacles
à la croissance de la natalité, à l’époque, était un est très faible niveau de
revenu, la famille ne pouvait pas se permettre d’avoir un enfant, et encore
moins deux.
Et pour
nous, c’est très important, surtout en province. Il y avait des préoccupations de
savoir si le budget pouvait faire face aux nouveaux payements, si on ne
trompait pas les gens ? Non, et nous ne trompons pas, et nous nous
assumons. Avec d’autres mesures de soutien, tout a fonctionné ! En Russie,
il n’y avait pas une telle natalité depuis les dernières décennies ! (M. Poutine a réduit le déclin
de la population russe de 1,5 million par an en 1999
à 21 000 en 2011, soit de 71,5 fois
en 12 ans, NDT, lien).
À propos
du "rideau de fer". Nous comprenons la nuisance du rideau de fer pour
nous. Et dans l’histoire, d’autres nations ont eu des périodes où les pays ont
tenté de s’isoler du reste du monde, en payant un prix très cher pour cela.
Presque la dégradation et l’effondrement. En aucun cas, nous n’emprunterons ce
chemin. Et, autour de nous, personne ne construira un mur. C’est impossible !
À propos
du mode sain de vie. (...) Je fais régulièrement du sport. Le travail nécessite,
dans une grande mesure, à la fois l’énergie, la force et l’activité motrice.
À propos
des Cieux. Si vous vous trouvez vraiment là, il y a une phrase qu’il est approprié
de prononcer : « Dieu merci ! » Sinon, comment dire autrement ?
Source :
RUPOSTERS
Selon les
matériaux des médias préparés par
Tatiana
Dobrodeeva.
Agence
centrale d’information de Novorussie
Novorus.info
Source : novorus.info-news : Большое интервью Владимира Путина
Traduction : GalCha
Lire aussi :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire