Petite histoire de la nouvelle guerre froide occidentale contre la Russie
16 novembre 2014
© Photo : East News/imago stock & people |
Robert Gates, l’ex-directeur
de la CIA, a déclaré récemment : « La
menace la plus grave à la sécurité nationale des États-Unis émane maintenant
des deux miles carrés entre la Maison-Blanche et le Capitole ».
Gates
est préoccupé par le destin de sa patrie, ce qui est compréhensible. Mais si on
le considère de façon plus large, les mêmes deux miles carrés présentent une
menace à tout le système des relations internationales, à l’économie globale et
à la sécurité. L’hystérie antirusse des sanctions, lancée par Washington, ayant
redécouvert à Moscou l’ancien ennemi et ayant entrainé l’Europe dans cette
histoire, perturbe la balance mondiale des forces, que l’on a presque réussi à
atteindre au prix de grands efforts.
La
dissuasion de la Russie à la longueur des siècles était une des tâches clés
stratégiques de l’Occident. Cela se rapportait à l’Empire russe, comme à l’Union
Soviétique et, comme on vient de le voir, cela concerne déjà directement la
Russie moderne aussi bien. Notre pays, développé économiquement, ayant une
armée combative, sa propre identité confessionnelle et culturelle, ainsi que
son propre point de vue sur les principaux problèmes mondiaux, est un facteur
irritant pour les stratèges occidentaux. Washington et les capitales
européennes espéraient après la désagrégation de l’URSS que maintenant la
Russie ne présenterait pas un danger pour eux, comme ils le comprenaient.
Depuis
ce temps-là, bien de l’eau a coulé sous les ponts. La Russie est redevenue
forte et politiquement indépendante, et l’Occident était obligé de trouver une
réponse. Comme on le sait, on peut toujours trouver un prétexte, si on le veut.
Alors, les politiques américains et européens ont décidé de ne pas trop
philosopher, et de suivre la voie familière des sanctions. Finalement, à la
place de l’amendement de Jackson-Vanik, limitant le commerce avec l’URSS,
arrive la fameuse liste Magnitski, lésant les droits des fonctionnaires et des
entrepreneurs russes. Et maintenant, depuis la réunification de la Crimée avec
la patrie historique, les sanctions pleuvent. Et cela malgré le fait qu’aux
États-Unis et en Europe, probablement, peu de gens trouveraient cette péninsule
sur la carte géographique. C’était un prétexte, tout simplement. Le conseiller
de l’Académie des Sciences Russes Vilen Ivanov raconte pourquoi ils le font.
Cela se fait particulièrement au gré des États-Unis, qui veulent manifester de cette façon leur position dominante. Et non simplement manifester, mais aussi la réaliser. Et ils y font participer leurs alliés de l’OTAN, bien qu’il soit désavantageux pour eux de gâter les relations avec la Russie. Avant tout, dans le plan économique. Mais sous la pression des États-Unis, ils sont obligés de prendre des mesures impopulaires même à l’intérieur de leurs propres pays. Tout cela complique et viole l’ordre déjà formé dans le monde, qui donnait l’espoir de pouvoir éviter les grands conflits et vivre en paix.
Le
business européen se prononce catégoriquement contre la rupture des liens avec
la Russie, la complication des relations avec elle pour faire plaisir au tiers
et s’adapter à la conjoncture politique du moment. Par exemple, un des
patriarches de la diplomatie américaine du vingtième siècle Henry Kissinger a
déclaré récemment que les sanctions antirusses perturbaient le système des
relations internationales. Et pourtant, il n’a jamais été un grand ami de la
Russie. D’autres Américains en vue expriment les opinions qui déplaisent à l’administration
de Barack Obama. L’américaniste Dmitry Mikheev trouve que les politiques
états-uniens réchauffent l’hystérie antirusse, y compris, pour leur propre
population, pour montrer que quelqu’un, soi-disant, menace la supériorité de l’Amérique.
« Qu’est-ce que c’est que l’Amérique ? Cet État, c’est un énorme tissu patchwork. Ici, on trouve toutes les ethnies, les religions, les sectes, les langues, les races. Qu’est-ce qui les unit ? Dès le début, les gens vivaient là en groupes. Au départ, tous les États étaient attachés à un certain groupe ethnique ou religieux. Et maintenant, dans la journée, tous sont mélangés, et, le soir, ils partent dans leurs enclaves. Pour un État aussi hétéroclite, il faut une puissante idéologie. Pour pouvoir dire : « Nous ne sommes pas comme les autres ». Mais il faut soutenir ce mythe sur l’exclusivité... »
Donc,
il faut qu’il y ait un ennemi, la lutte contre lequel cimenterait un pareil
mélange. En fait, ce pays n’est pas aussi florissant. La propagande travaille
sans relâche. Et ce travail apporte des fruits. Selon l’étude récente, 88 pour
cent d’Américains interrogés trouvent que la Russie présente une menace pour
les États-Unis. Parmi les citoyens politiquement actifs, la Russie est
considérée comme "une menace grave" par 61 pour cent de
démocrates et 78 pour cent de républicains. Ainsi, dans l’arène politique
des États-Unis, renaît le consensus bipartite antirusse qui existait pendant
les années de la guerre froide. Mais on ignore si l’Europe tolèrera encore
longtemps "la tutelle" et les ambitions globales du pays orienté vers
la confrontation avec un des acteurs clés de la scène politique et économique
mondiale.
Source : La
Voix de la Russie
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