lundi 2 mars 2015

Analyse - Nemtsov, à qui profite le crime?

Gambit : à qui profite l’assassinat de Nemtsov ?

28.02.2015
Nous vous proposons une analyse de la situation faite par l’un des auteurs de "Rousskaya Vesna" à propos de l’assassinat du chef de l’opposition Boris Nemtsov.

L’assassinat de Nemtsov dans la nuit du 28 février s’est avéré totalement inattendu et absolument prévisionnel.

Je ne veux pas porter des accusations mal fondées à quiconque, je voudrais simplement procéder à une analyse impartiale afin de déterminer : mais à qui profite-t-il ? Parce que des soupçons à ce sujet, je les ai eus dès les premières secondes après la lecture de la nouvelle.


La première chose qui vient à l’esprit – c’est, donc, une parfaite innocuité de Nemtsov pour les autorités. Discrédité par ses liens avec l’Occident, ayant perdu son influence et ses adeptes – il n’était pas une figure dont la liquidation physique serait justifiée.

La main sur la conscience, dans l’opposition russe – à la fois systémique et non-systémique, il n’y a pas de leaders dont l’envergure exigerait du Kremlin des mesures tellement dangereuses, controversées et inhumaines.

Mais, d’autre part, la soi-disant "opposition non-systémique" avait besoin, comme une bouffée d’air frais, d’une secousse qui pourrait y insuffler une nouvelle vie et rétablir son unité ébranlée.

C’est à ce moment-là que survient l’assassinat de l’une de ses figures de premier plan, cependant déjà assez nominale. Et même, si la mort de Nemtsov a causé quelques dégâts à ses compagnons d’armes, son bénéfice potentiel peut être beaucoup plus important.

Ce qui est intéressant – c’est que l’assassinat se passe juste avant une action des "opposants" prévue le 1er mars et qu’il était très peu probable qu’elle puisse atteindre même la moitié de l’envergure annoncée, compte tenu de la situation dans leur camp, et même selon les estimations les plus optimistes. En revanche maintenant, elle a reçu un nouveau contenu vif et totalement inattendu.

En outre, le moment de l’assassinat, par une étrange coïncidence, convient idéalement précisément pour la tâche de la promotion de l’évènement du 1er mars. D’une part, les organisateurs auront toute la journée pour recueillir de nouvelles forces, encore plus d’importantes, manifestant sous les slogans associés à "une victime innocente de la lutte pour la liberté".

D’autre part, il se passerait très peu de temps – clairement insuffisant, pour que l’enquête puisse rendre publiques des informations, au moins préliminaires, permettant faire des conclusions plus ou moins fiables.

Dans cette situation, les activités les plus attendues de nos opposants seraient une intox rapide, mais vague, sous une forme ou une autre, à propos d’une « prétendue implication possible des gens de Poutine dans l’assassinat ». Peut-être que cela ne se fera pas à travers les premières personnes de "l’opposition" – pour ne pas dénuder leurs intentions de façon trop criante.

Par exemple, les articles qui soulignent les « soupçons de Nemtsov sur les intentions de Poutine de l’éliminer » sont apparus sur le réseau quasi immédiatement après l’assassinat. Une chose est claire – cette idée est déjà amorcée dans le milieu de ceux qui soutiennent les vues de "l’opposition", et, seulement grâce à elle, le nombre de personnes prêtes à se rendre à la marche de "l’opposition" a certainement augmenté de manière très significative.

Seulement, il est peu probable que les organisateurs de toute cette combinaison soient mus par un objectif banal d’assurer un quorum de cent mille personnes pour le prochain défilé. Une victime sacrificielle permettra d’assurer un effet d’échelle aux actions de l’opposition, et présentera une occasion de maintenir l’excitation pendant une semaine ou deux. Cependant, ce n’est pas suffisant pour atteindre le résultat final.

Ici, peuvent se jouer deux scénarios possibles impliquant une croissance rapide de la tension, déjà dans les prochains jours, en raison des affrontements, des combats, et, peut-être, de nouvelles provocations sanglantes au cours des manifestations, ou l’utilisation de la mort de Nemtsov comme prétexte pour l’organisation d’un "Maïdan de justice", qui se rassemblera non pas pour exiger la démission du gouvernement russe ou des réformes, mais pour exiger une "enquête équitable de l’assassinat".

Dans ce cas, il est clair qu’il est peu probable que les autorités russes soient en mesure de présenter aux participants d’un tel "Maïdan" les matériaux d’enquête qui répondent à leurs attentes.

Juste parce que le seul et principal désir, ici, sera d’entendre la reconnaissance de la piste de "la main sanglante du FSB", et même du Président en personne. Il y aura très peu de gens qui puissent se soucier des données objectives, quoi qu’elles disent.

De toute façon, ces deux options devraient conduire au scénario ukrainien lorsqu’une action ou inaction des autorités va resserrer autour de son cou le nœud d’anguille du "Maïdan".

Dans une situation où le rôle d’opposition est joué par des masses extrêmement engagées et biaisées avec les dirigeants du mouvement d’opposition ayant les mains crochues, le gouvernement sera dans une position très délicate, et, sans doute, le seul remède à la situation serait d’écraser toute manifestation des "Maïdans" dans l’œuf, sans se retourner sur les menaces et les lamentations de l’étranger.

Une chose est claire – nos amis d’outre-mer, avec la mort Nemtsov (quelles que soient les véritables causes qui l’ont provoquée), commencent à jouer un gambit d’envergure, au cours duquel seront échangées encore beaucoup de pièces.

Et ces échanges seront organisés avec la dureté maximale des deux côtés, et puisque nous voulons croire que le gouvernement russe a compris, à travers l’expérience amère de la Libye, de la Syrie, de l’Egypte, de l’Ukraine et des autres "démocraties prospérant selon le scénario américain", l’absence de toute alternative aux actions inflexibles.

Dans de telles circonstances, il serait souhaitable que la partie du peuple russe, qui, avec la mort de Nemtsov, a finalement cru en la nécessité de soutenir les actions de "l’opposition", prenne une décision sage, et les soutienne sans sortir de chez eux. Qu’ils écrivent des centaines de tweets sur PdEV (Parti des escrocs et des voleurs), qu’ils inventent des chants sur Poutine, et les plus doués – qu’ils préparent même une analyse détaillée, prouvant l’implication des autorités russes dans l’assassinat de Nemtsov.

Maintenant, le plus important est que les gens ne sortent pas dans les rues sous la houlette des "opposants" connus – où le triste sort des moutons sacrificiels leur est réservé sur la vague d’une autre "révolution de la dignité".



Source : rusvesna.su/news : Гамбит: Убийство Немцова — кому это выгодно?
Traduction : GalCha

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