Tuerie Charlie Hebdo, d’autres analyses... {Fiertés européennes}
Une fois n'est pas coutume, nous parlerons d'une actualité différente de celle de l'Ukraine et du Monde russe, car les méthodes d'approche de la déstabilisation sont très proches de ce que l'on peut observer en Ukraine et dans les sphères proche de la Russie. Cependant, n'oublions pas que d'autres journalistes, russes, que d'autres civils, novorossiens, ont été tués à ce jour en nombres bien plus important que les 12 de Paris, tous les jours depuis le début de la guerre civile du Donbass!
Rien ne pardonne le meurtre, mais restons dans la mesure et rejetons la démesure...
Dont une écrite à notre intention par Oscar
Stepánov, de NUJNA, que nous remercions pour sa contribution.
D’autres analyses... auxquelles nous ne souscrivons
pas forcément "dans leur ensemble", mais qu’il nous semble à la fois
fort intéressant, et même nécessaire de reproduire ici ; tant elles seront
(forcément) "oubliées" par la grande, très grande, majorité des
médias, qu’ils soient "mainstream"... ou non.
CHOC ET STUPEUR
You owe me awe
Par Oscar Stepánov, 9 janvier 2015.
Concernant le massacre en masse d’une douzaine de
personnes dans les locaux de Charlie Hebdo, on ne peut que se perdre en
conjectures. Il m’a semblé bon, à ce sujet, de se rappeler une stratégie
militaire mise en place par les Américains lorsqu’ils s’en prennent à une proie
inapte à leur résister, comme ce fut le cas de l’armée de Saddam Hussein en
Irak en 2003.
Citation de Wikipédia :
La doctrine "choc et effroi" (de l’anglais Shock and Awe, ce qui peut aussi être traduit par "choc et stupeur"), ou de "domination rapide", est une doctrine militaire basée sur l’écrasement de l’adversaire à travers l’emploi d’une très grande puissance de feu, la domination du champ de bataille et des manœuvres, et des démonstrations de force spectaculaires pour paralyser la perception du champ de bataille par l’adversaire et annihiler sa volonté de combattre.
Nous choquer et nous stupéfier, c’est bien de cela
qu’il s’agit. De mille et une manières, le système nous choque et nous
stupéfie, nous paralyse, nous déconcerte. Veut-il nous voir nous ruer soudain
sur les musulmans ? Veut-il, au contraire, lancer une vague de répression
inégalée contre les "islamophophes" ? Nous ne le saurons pas. Nous en sommes réduits à constater l’étrange
niveau de professionnalisme des tueurs qui ont réussi cette mission et ont pu s’en
sortir, l’étrange "perte" aussi de documents d’identité dans leur
véhicule. Et nous pourrons faire le lien avec ce qui se passe en Syrie et en
Irak, où une légion ("l’État Islamique") de valets de l’axe
israélo-américain se bat, dûment appuyée par ses mandataires, qui sont
officiellement supposés les combattre, en accord avec leurs partenaires
obscurantistes : la Turquie d’Erdogan et l’Arabie Saoudite des "wahhabites".
Pour comble de confusion, il a encore fallu que
John Kerry, partenaire d’Obama, se présente à la télévision et vienne pourfendre
– décidément l’hôpital se fout de la charité – l’obscurantisme et la
barbarie de cet acte évidemment terroriste.
Il est temps de le dire : au terrorisme
intellectuel, ennemi de la liberté d’expression, s’ajoutent le terrorisme
social et le terrorisme économique qui nous poussent nous, Européens, dans la "crise"
la plus profonde tandis que triomphent les infects valets de l’Amérique. Par
exemple les oligarques ukrainiens, grands spécialistes – dans une logique
toute Orwellienne – des actes "antiterroristes" en Novorussie (ou
"Est de l’Ukraine"). Comme cet Arseni Iatseniouk déclarant
récemment, en Allemagne, qu’il ne faut pas oublier l’agression de l’URSS contre
l’Allemagne et l’Ukraine et que « personne n’a le droit de réécrire l’histoire
de la Seconde Guerre mondiale ».
Choc et stupeur. C’est de cela qu’il s’agit aujourd’hui.
Comme le disait le psychopathe jouant le rôle clé dans le film Manhunter :
« C’est dans ta nature de faire quelque chose correctement :
trembler. Mais ce que tu me dois, ce n’est pas de la peur. Non… toi et les
autres, vous me devez de la stupeur ! » (« It is in your nature to
do one thing correctly : Tremble. But fear is not what you owe me. No,
Lounds... you and the others — you owe me awe! »).
L’Empire du Chaos, s’enfonçant définitivement dans
ses sables mouvants, est en train de tirer ses dernières cartouches. À tort ou
à raison, il nous estime mortellement blessés, mais n’aura de cesse de s’acharner.
Sachons rester à l’écart de ses provocations, tandis que d’autres (Russie,
Chine, Iran, etc.), qui n’ont pas le malheur d’être gouvernés par les Valets de
ce système, s’occupent de lui tailler de belles croupières.
Cette tuerie ne sera pas « notre 11 septembre ».
Car chaque jour sous la botte israélo – américaine est notre 11 septembre.
Mais aussi, parce qu’en réalité, nous n’aurons
aucune larme de crocodile à verser sur l’équipe de Charlie Hebdo, racaille "satirique"
sans intérêt.
Oscar Stepánov, de NUJNA.com, pour Fiertés Européennes
(NUJNA.com est actuellement hébergé par La Meute Arverne)
Qui profite d’avoir tué Charlie ?
Par Pepe
Escobar, le 8 janvier 2015
Un
commando djihadiste au style professionnel livre une attaque en plein cœur de
Paris.
Cui bono?
Une
préparation et une organisation minutieuses, des Kalachnikovs, un
lance-roquettes, des cagoules, une veste à munitions couleur sable bourrée de
chargeurs supplémentaires, des bottes de l’armée, une évasion facile à bord
d’une Citroën noire…
Et le
glaçage sur ce gâteau particulièrement mortel : un soutien logistique basé
à Paris impeccable, pour tout mener à bien. Un ancien officier militaire de
haut rang, Frédéric Gallois, a mis l’accent sur le fait de l’application
parfaite des "techniques de guérilla urbaine" (où sont ces
fameux "experts" occidentaux en contre-terrorisme quand vous
en avez besoin ?).
Certains
ont affirmé qu’ils parlaient un français parfait, tandis que d’autres ont soutenu
que leur maîtrise de la langue était mauvaise et hésitante. Quoi qu’il en soit,
ce qui importe est qu’ils aient prononcé le mot magique : « Nous
sommes Al-Qaeda ». Encore mieux, ils ont dit à un homme dans la rue :
« Dites aux médias qu’il s’agit d’Al-Qaeda au Yémen », ce qui
signifie, dans la terminologie US de la terreur, Al-Qaeda dans la péninsule
arabique (AQAP) qui avait mis l’éditeur/dessinateur de Charlie Hebdo
(Charb) sur liste noire dûment promue par le magazine de luxe d’AQAP, "Inspire".
L’accusation : « Insulte envers le Prophète Mohammed ».
Et,
histoire d’être sûrs que tous avaient bien enregistré les coupables, les tueurs
ont également ajouté : « Allahu Akbar », « Nous
avons tué Charlie Hebdo », et « Nous avons vengé le
Prophète ».
Affaire classée ?
Eh bien, il n’a fallu que quelques heures à la police française pour identifier
les suspects (classiques ?) : les frères algériens Saïd et Cherif
Kouachi. Le troisième homme, le chauffeur de la Citroën noire, apparemment le
jeune Hamid Mourad, 18 ans, s’est plus tard livré à la police avec un
alibi en béton armé. Le troisième homme demeure donc un mystère.
Ils
portaient tous des cagoules. Les frères Kouachi n’ont pas été capturés, mais la
police semble très bien savoir qui ils sont. Parce qu’ils ont trouvé une carte
d’identité abandonnée dans la Citroën noire (oh, les soucis d’être sur une
commande pressée…). Comment se fait-il qu’ils n’aient rien su avant le carnage ?
À point
nommé, la bio » de Cherif Kouachi a été diffusée dans tous les coins. Il
était sur une liste de surveillance globale. Avec six autres, il avait été
condamné en mai 2008 à 3 ans de prison pour "terrorisme" ;
en fait, d’avoir livré une douzaine de jeunes Français via des madrasas en
Égypte et en Syrie à nul autre qu’Abou Moussab al-Zarqaoui, l’ex-chef d’Al-Qaeda
en Irak tué-par-un-missile-US et père spirituel de Daesh/ISIS/ISIL.
Aussi à
point nommé, un récit complet était prêt à la consommation de masse. Selon les "experts"
de la police française, cela pouvait être une attaque « ordonnée depuis
l’étranger et exécutée par des djihadistes revenant de Syrie qui nous ont
échappé », ou cela pourrait être « des idiots banlieusards qui
se sont radicalisés et ont concocté cette attaque militaire au nom d’Al-Qaeda ».
Jetez
l’option 2, s’il vous plaît ; c’était du travail de pro. Ne restant
que l’option 1, ceci pointe tout droit vers – quoi d’autre – un retour de
bâton. Oui, ils pourraient être des mercenaires de Daesh/ISIS/ISIL entraînés
par l’OTAN (essentiel, la France aussi) en Turquie et/ou en Jordanie. Mais cela
pourrait être un "faux drapeau" encore plus nauséabond. Ils
pourraient aussi être des anciens ou des agents en activité des forces
spéciales françaises.
Il
fallait s’y attendre, les camelots de l’islamo-fascisme s’en prennent déjà à
cœur joie. Pour les simplets/trolls/hordes qui exhibent un QI de niveau
sub-zoologique, en cas de doute, diabolisez l’Islam. C’est tellement commode
d’oublier que des millions sans nombre depuis les zones tribales du Pakistan
aux marchés urbains à travers l’Irak, continuent de ressentir la douleur
dévaster leurs cœurs et leurs vies puisqu’ils sont les victimes sacrifiables de
l’état d’esprit djihadiste – ou "culture de la Kalachnikov",
telle qu’elle est connue au Pakistan – qui a bénéficié à l’Occident directement
ou indirectement, pendant des décennies. Songez aux attaques de drones
rituelles de civils pakistanais, yéménites, syriens, irakiens ou libyens.
Songez à Sadr City subissant un carnage dix fois plus grave que Paris.
Ce qu’a
décrit le Président français François Hollande comme « un acte de
barbarie exceptionnelle » – et il l’est – ne s’applique pas quand
l’Occident, la France en première ligne, du Roi Sarko au Général Hollande
lui-même, arme, entraîne et contrôle à distance un assortiment de coupeurs de
têtes et de mercenaires de la Libye à la Syrie. Oh ouais, tuer des civils à
Tripoli ou à Alep, là, il n’y a pas de problèmes, mais ne le faites pas à
Paris.
Donc ceci
est, au cœur de l’Europe, ce à quoi ressemble un retour de bâton. C’est ce que
ressentent les gens au Waziristân quand une fête de mariage est incinérée par
un missile Hellfire. Parallèlement, il est absolument impossible d’apporter du
crédit à la notion que le réseau sophistiqué de contre-espionnage occidental
n’ait pas vu venir ce retour de bâton – et été incapable de l’empêcher.
Bien
entendu, le réseau ultra-élaboré de contre-terrorisme occidental – si efficace
pour nous dénuder dans tous les aéroports – l’avait vu venir ; mais sur le
terrain des guerres de l’ombre, "Al-Qaeda" et ses légions de
déclinaisons, y compris les "renégats" de
Daesh/ISIS/ISIL, sont utilisés autant comme une armée de mercenaires que comme
une menace domestique commode « contre nos libertés ».
La
pataugeoire intellectuelle US (Think Tankland), de façon également
prévisible, s’occupe à raconter le scénario d’une scission "intra-musulmane"
qui fournit aux djihadistes beaucoup d’espace géopolitique à exploiter – tout
ceci aspirant le monde occidental dans une guerre civile musulmane. C’est
totalement ridicule. L’Empire du Chaos, déjà dans les années 70, était
occupé à cultiver la culture djihadiste/Kalachnikov pour combattre n’importe
quoi, depuis l’URSS à des mouvements nationalistes à travers tout le Sud
global. "Diviser Pour Mieux Régner" a toujours servi à ventiler les
flammes "intra-musulmanes", depuis l’administration Clinton
faisant copain-copain avec les Talibans jusqu’au régime Cheney – avec l’aide des
vassaux du Golfe Persique – approfondissant le schisme Sunnite/Chiite.
Cui bono, donc,
d’avoir tué Charlie ? Seulement à ceux dont l’agenda est de diaboliser
l’Islam. Même une bande de fanatiques ayant subi un lavage de cerveau ne se
livrerait pas au carnage de Charlie pour montrer aux gens qui les accusent
d’être des barbares qu’ils sont, en réalité, des barbares. Le renseignement
français a au moins conclu qu’il ne s’agissait pas là d’une affaire de bombe
fourrée dans un slip. C’était un boulot de professionnel qui s’est déroulé tout
juste quelques jours après que la France ait reconnu le droit à un état
palestinien. Et juste quelques jours après que le Général Hollande ait demandé
la levée des sanctions contre la "menace" russe.
Les
Maîtres de l’Univers, qui jouent sur les vrais leviers de l’Empire du Chaos,
flippent du chaos systémique dans le racket qu’ils avaient jusque-là l’illusion
de contrôler. Ne vous y trompez pas, l’Empire du Chaos fera ce qu’il peut pour
exploiter l’environnement post-Charlie – que ce soit un retour de bâton ou un false
flag.
L’administration
Obama mobilise déjà le Conseil de Sécurité de l’ONU. Le FBI "aide"
l’enquête française. Et comme un analyste italien le dit mémorablement, les djihadistes
ne s’attaquent pas à un fonds spéculatif vampirique ; ils s’attaquent à un
torchon satirique. Ce n’est pas de la religion, mais de la géopolitique pure et
dure. Ce qui me rappelle David Bowie : « Ceci n’est pas du
rock’n’roll. C’est du suicide ».
L’administration
Obama s’est déjà mobilisée pour offrir une "protection" – de
type Mafia – à une Europe de l’Ouest qui commence juste, tout juste à manquer
d’assurance face à la "menace" russe pré-fabriquée. Et comme
il se trouve, juste quand l’Empire du Chaos en a le plus besoin, la maléfique "terreur"
pointe encore le bout de son nez.
Eh oui,
je suis Charlie. Pas seulement parce qu’ils nous ont fait rire ; mais
parce qu’ils ont été des agneaux sacrificiels dans des jeux de l’ombre
beaucoup, beaucoup plus méchants, horribles et perpétuels.
Pepe
Escobar, pour Russia Today
Traduction Global Relay Network
Un
article découvert via Les moutons enragés
Pepe
Escobar est le correspondant itinérant du journal Asia Times/Hong Kong, un
analyste pour RT et TomDispatch, ainsi qu’un contributeur fréquent de sites web
et d’émissions de radio, des USA à l’Asie Orientale.
UN 11 SEPTEMBRE FRANÇAIS ?
Qui a
commandité l’attentat contre Charlie Hebdo ?
Par Thierry
Meyssan, le 7 janvier 2015.
Alors que
de nombreux Français réagissent à l’attentat commis contre Charlie Hebdo en
dénonçant l’islamisme et en manifestant dans les rues, Thierry Meyssan souligne
que l’interprétation djihadiste est impossible. Alors qu’il aurait tout intérêt
à dénoncer lui aussi une opération d’Al-Qaïda ou de Daesh, il envisage une
autre hypothèse, beaucoup plus dangereuse.
RÉSEAU VOLTAIRE INTERNATIONAL | DAMAS
(SYRIE) | 7 JANVIER 2015
Dans ce
reportage, France 24 a coupé la vidéo pour que l’on ne voie pas les
assaillants exécuter un policier au sol.
Le 7 janvier 2015,
un commando a fait irruption, à Paris, dans les locaux de Charlie Hebdo et
a assassiné 12 personnes. 4 autres victimes sont toujours dans un état
grave.
Sur les
vidéos, on entend les assaillants crier « Allah
Akbar ! », puis qu’ils ont « vengé
Mahomet ». Un témoin, la dessinatrice Coco, a affirmé qu’ils se
réclamaient d’Al-Qaïda. Il n’en a fallu pas plus pour que de nombreux Français
dénoncent un attentat islamiste.
Or, cette
hypothèse est illogique.
La mission de ce commando n’a
pas de lien avec l’idéologie djihadiste
En effet,
des membres ou des sympathisants des Frères musulmans, d’Al-Qaïda ou de Daesh
ne se seraient pas contentés de tuer des dessinateurs athées, ils auraient
d’abord détruit les archives du journal sous leurs yeux, sur le modèle de ce
qu’ils ont fait dans la totalité de leurs actions au Maghreb et au Levant. Pour
des djihadistes, le premier devoir, c’est de détruire les objets qui, selon
eux, offensent Dieu, puis de punir les "ennemis de Dieu".
De même,
ils ne se seraient pas immédiatement repliés, fuyant la police, sans avoir
achevé leur mission. Ils auraient au contraire terminé leur mission,
dussent-ils mourir sur place.
Par
ailleurs, les vidéos et certains témoignages montrent que les assaillants sont
des professionnels. Ils avaient l’habitude de manier leurs armes et n’ont tiré
qu’à bon escient. Ils n’étaient pas vêtus à la mode des djihadistes, mais comme
des commandos militaires.
La
manière dont ils ont exécuté au sol un policier blessé, qui ne représentait
aucun danger pour eux, atteste que leur mission n’était pas de "venger
Mahomet" de l’humour gras de Charlie Hebdo.
Cette opération vise à créer
le début d’une guerre civile
Le fait
que les assaillants parlent bien le français, et qu’ils soient probablement
Français, ne permet pas de conclure que cet attentat est un épisode
franco-français. Au contraire, le fait qu’ils soient professionnels contraint à
les distinguer de possibles commanditaires. Et rien ne prouve que ces derniers
soient des Français.
C’est un
réflexe normal, mais intellectuellement erroné, de considérer lorsque l’on
vient d’être attaqué que l’on connaît ses agresseurs. C’est le plus logique
lorsqu’il s’agit de criminalité normale, mais c’est faux lorsqu’il s’agit de
politique internationale.
Les
commanditaires de cet attentat savaient qu’il provoquerait une fracture entre
les Français musulmans et les Français non-musulmans. Charlie Hebdo s’était
spécialisé dans des provocations anti-musulmanes et la plupart des musulmans de
France en ont été directement ou indirectement victimes. Si les musulmans de
France condamnent sans aucun doute cet attentat, il leur sera difficile
d’éprouver autant de peine pour les victimes que les lecteurs du journal. Cette
situation sera perçue par certains comme une complicité avec les meurtriers.
C’est
pourquoi, plutôt que de considérer cet attentat extrêmement meurtrier comme une
vengeance islamiste contre le journal qui publia les caricatures de Mahomet et
multiplia les "unes" anti-musulmanes, il serait plus logique
d’envisager qu’il soit le premier épisode d’un processus visant à créer une
situation de guerre civile.
La stratégie du "choc des civilisations" a été conçue à Tel-Aviv et à Washington
L’idéologie
et la stratégie des Frères musulmans, d’Al-Qaïda et de Daesh ne préconisent pas
de créer de guerre civile en "Occident",
mais au contraire de la créer en "Orient"
et de séparer hermétiquement les deux mondes. Jamais Saïd Qotb, ni aucun de ses
successeurs, n’ont appelé à provoquer d’affrontements entre les musulmans et
les non-musulmans chez ces derniers.
Au
contraire, la stratégie du "choc des civilisations" a été formulée
par Bernard Lewis pour le Conseil de sécurité nationale états-unien, puis
vulgarisée par Samuel Huntington non plus comme une stratégie de conquête, mais
comme une situation prévisible [1]. Elle visait à persuader les
populations membres de l’OTAN d’un affrontement inévitable qui prit
préventivement la forme de la "guerre au terrorisme".
Ce n’est
pas au Caire, à Riyad ou à Kaboul que l’on prône le "choc des
civilisations", mais à Washington et à Tel-Aviv.
Les
commanditaires de l’attentat contre Charlie Hebdo n’ont pas cherché à
satisfaire des djihadistes ou des talibans, mais des néo-conservateurs ou des
faucons libéraux.
N’oublions pas les précédents
historiques
Nous
devons nous souvenir qu’au cours des dernières années, nous avons vu les
services spéciaux états-uniens ou de l’OTAN
– tester en France les effets dévastateurs de certaines drogues sur des populations civiles [2] ;
– soutenir l’OAS pour tenter d’assassiner le président Charles de Gaulle [3] ;
– procéder à des attentats sous faux drapeau, contre des civils, dans plusieurs États membres de l’OTAN [4].
Nous
devons nous souvenir que, depuis le démembrement de la Yougoslavie,
l’état-major états-unien a expérimenté et mis en pratique dans de très nombreux
pays sa stratégie des "combats de chiens". Elle consiste à tuer des
membres de la communauté majoritaire, puis des membres des minorités en
renvoyant les responsabilités dos à dos jusqu’à ce que chacun soit convaincu
d’être en danger de mort. C’est de cette manière que Washington a provoqué la
guerre civile aussi bien en Yougoslavie que dernièrement en Ukraine [5].
Les
Français seraient bien avisés de se souvenir également que ce ne sont pas eux
qui ont pris l’initiative de la lutte contre les djihadistes revenant de Syrie
et d’Irak. À ce jour d’ailleurs, aucun d’entre eux n’a commis le moindre
attentat en France, le cas de Mehdi Nemmouche n’étant pas celui d’un terroriste
solitaire, mais d’un agent chargé d’exécuter à Bruxelles deux agents du Mossad [6] [7].
C’est
Washington qui a convoqué, le 6 février 2014, les ministres de
l’Intérieur de l’Allemagne, des États-Unis, de la France (M. Valls s’est
fait représenter), de l’Italie, de la Pologne et du Royaume-Uni pour faire du
retour des djihadistes européens une question de Sécurité nationale [8].
Ce n’est
qu’après cette réunion que la presse française a abordé ce sujet, puis que les
autorités ont commencé à réagir.
John
Kerry s’est exprimé pour la première fois en français pour adresser un message
aux Français. Il dénonce une attaque contre la liberté d’expression (alors que
son pays n’a cessé depuis 1995 de bombarder et de détruire les télévisions qui
lui faisaient ombrage en Yougoslavie, en Afghanistan, en Irak et en Libye) et
célèbre la lutte contre l’obscurantisme.
Nous
ignorons qui a commandité cette opération professionnelle contre Charlie
Hebdo, mais nous ne devrions pas nous emballer. Nous devrions considérer
toutes les hypothèses et admettre, qu’à ce stade, son but le plus probable est de
nous diviser ; et ses commanditaires les plus probables sont à Washington.
Sur le
même sujet, lire : « Selon McClatchy, Mohammed Mehra et
les frères Kouachi seraient liés aux services secrets français », Réseau
Voltaire, 9 janvier 2015.
[1]
« La
"Guerre des civilisations" », par Thierry
Meyssan, Réseau Voltaire, 4 juin 2004.
[2]
« Quand la CIA
menait des expériences sur des cobayes français », par Hank P.
Albarelli Jr., Réseau Voltaire, 16 mars 2010.
[3]
« Quand le
stay-behind voulait remplacer de Gaulle », par Thierry Meyssan,
Réseau Voltaire, 10 septembre 2001.
[4]
« Les Armées
Secrètes de l’OTAN », par Daniele Ganser, éd. Demi-Lune. Disponible
par chapitre sur le site du Réseau Voltaire.
[5]
« Le
représentant adjoint de l’ONU en Afghanistan est relevé de ses fonctions », « Kann Washington zu gleicher Zeit drei
Regierungen stürzen ? », von Thierry Meyssan, Übersetzung
Horst Frohlich, Al-Watan (Syrien), Voltaire Netzwerk, 23. Februar 2014.
[6]
« L’affaire
Nemmouche et les services secrets atlantistes », par Thierry
Meyssan, Al-Watan (Syrie), Réseau Voltaire, 9 juin 2014.
[7]
On objectera les affaires Khaled Kelkal (1995) et Mohammed Mehra (2012). Deux
cas de "loups solitaires" liés à des djihadistes ; mais ni à la
Syrie ni à l’Irak. Malheureusement, tous deux furent exécutés en opération par
les Forces de l’ordre de sorte qu’il est impossible de vérifier les théories
officielles.
[8]
« La Syrie
devient "question de sécurité intérieure" aux USA et dans l’UE »,
Réseau Voltaire, 8 février 2014.
Source : Fiertés
européennes
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